C'est sûr que vivre un conflit au présent, ce n'est pas de la tarte, on en voit difficilement le point positif et ça peut vous foutre en l'air de bonnes nuits de sommeil. Mais après coup, quand l'affaire est réglée, on s'aperçoit que c'était pas si moche que ça. Que c'était même peut-être utile. Le conflit, c'est le sel de la vie ! Sans lui, l'existence serait morne, sans grand intérêt. En effet, quel plaisir tirer d'une réussite si c'est trop facile ? C'est pour ça que je ne crois pas au concept de paradis : comment peut-on imaginer un monde où tout va bien qui serait le paradis ? le lieu où nos âmes sont heureuses, enfin ? N'importe quel être conscient y deviendrait fou. Donc de deux choses : ou bien le paradis n'existe pas ou bien c'est un enfer (ou, troisième chose, c'est autre chose que ce que l'on nous a dit).


L'intrigue fonctionne globalement bien. Grâce à ces conflits. Grâce aussi au traitement rigoureux des personnages ; ils ont un trait de caractère que l'auteure développe rigoureusement. C'est très bien. Malheureusement, cette pagaille est amenée de manière chaotique : tout le monde se crie dessus tout le temps. Et si la courte durée est un avantage indéniable au niveau du rythme, on remarque tout de même qu'il n'y a pas un travail sur la manière d'amener les conflits : tout éclate dès le début, c'est juste que chacun a une petite révélation à faire. Mais bon, c'est amusant. Et la chute est amusante même si j'aurais préféré une ironie dramatique à cette révélation éclaire qui laisse sur sa faim (ça fait repenser au film, oui c'est bien, mais voilà, ça reste une conclusion facile et superficielle).


La mise en scène est agréable. Quelques effets de style un tantinet déplaisants ; ils ne sont pas impertinents et pourtant je me suis demandé si on n'aurait pas pu s'en passer ? Le noir et blanc ne sert pas à grand chose à part peut-être créer une atmosphère ; c'est réussi, et même le manque de contraste ne m'a pas dérangé (ç'aurait été gênant de trop jouer avec l'esthétique, à la manière d'un film noir). Les acteurs sont tous très bons ; ce ne devait pas être facile de garder la continuité d'une prise à l'autre durant tout le tournage (sur plusieurs jours) étant donné que c'est une intrigue très émotionnelle et linéaire, il y a d'ailleurs quelques ratés mais globalement ça fonctionne. On peut également reprocher aux acteurs d'en faire un peu trop par moment. Mais ils sont bons quand même. J'ai été choqué de voir la silhouette de Timothy Spall, à se demander s'il n'est pas réellement malade. Je le préférais rondouillard*. Le choix musical est assez pertinent, surtout lorsque les personnages tentent de le ranimer, c'est comme si, d'un coup, les personnages étaient conscients qu'ils sont dans un film et que la musique peut influencer le ressenti des spectateurs.


Bref, ça se regarde plutôt bien.



  • ah en fait Spall a combattu un cancer, ce qui expliquerait son amaigrissement.

Fatpooper
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le 6 mai 2018

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Fatpooper

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