Dans le cinéma de Wes Anderson, l’histoire peut n’avoir ni queue, ni tête, tant qu’elle arrive à insuffler de la vie dans ces créatures en carton-pâte qui peuplent ces films. C’est l’art du marionnettiste qu’on attend de lui, pas celui du scénariste. Or, il faut le dire, Wes s’était un peu perdu ces derniers temps. Depuis les chiens de L’île aux chiens, on n’a eu le droit qu’à des figures de cire sans émotion. Il était temps de remettre un peu de vie dans tout ça, et si The Phoenician scheme n’est pas aussi émouvant que Moonrise Kingdom, aussi drôle que La Famille Tenenbaum, le film a au moins le mérite de présenter des marionnettes articulées. On sent que Wes Anderson a essayé de reproduire l’équilibre esthétique de The Grand Budapest Hotel, en s’appuyant sur une histoire linéaire, un trio de personnages attachants et une série de rebondissements. Les intentions sont bonnes, mais la magie opère moins. Peut-être parce qu’on l’a déjà vu à l'œuvre, peut-être que l’histoire est un peu moins nette. En tout cas, il s’agit clairement d’un recentrage du cinéma de Wes Anderson autour de ses valeurs fondatrices, et même si on a déjà vu tout ça, cette fois-ci au moins, on aime ce qu’on voit.