Video de vacances

J'étais très sceptique par rapport à ce film. A l'origine j'étais curieux de savoir quel était ce premier film du gars qui a fait le remake de "REC". Le temps a passé, et depuis il a fait "Devil" qui traîne une sale réputation (pas assez pour le griller visiblement puisqu'il va faire un thriller avec Owen Wilson et Pierce Brosnan dans les rôles principaux). Puis, autre élément effrayant, "The Poughkeepsie Tapes" (pas agréable à écrire ce nom) est un de ces foundfootagefilm. Un genre qui m'ennuie profondément par son manque de renouvellement et ses nombreuses incohérences. Le fait est, il est rare qu'on puisse trouver rationnel le comportement de quelqu'un qui continue de filmer alors qu'il est poursuivi par des monstres/zombies/tueurs/aliens/sorcières/fantômes et j'en passe. C'est là que John Erick Dowdle (ça aussi c'est chiant à taper) se démarque : ce n'est pas une victime qui va tenir la caméra, mais plutôt le bourreau. Ce n'est pas neuf, on est bien d'accord, mais c'est à contre courant de ce qui est à la mode et ça me suffit pour avoir un peu d'espoir.

Le film repose sur deux concept : le tueur filme ses meurtres et le film imite ces émissions qui passent en début de journée, des sortes de reconstitutions de meurtres avec interview des victimes, des policiers, des psychologues et tout le bardaf. C'est pas con. Mais c'est courir deux lièvres à la fois. Le scénario est finalement très bancal, car l'auteur ne semble pas trop savoir quoi raconter. Il y a ces interviews qui semblent un peu parodier ces émissions, ça tourne vite en rond, et puis il y a ces meurtres qui, si l'ambiance est souvent réussie, ne racontent finalement pas grand chose. On peut y voir, finalement, une sorte de film à sketchs mettant en scène des meurtres malsains entrecoupés d'interviews un peu stériles histoire de souffler un peu. N'empêche que c'est trop long. Quant à imiter ces émissions, autant y aller à fond et faire un moyen métrage de 50 minutes. Car franchement, le film ne propose rien au delà de sa forme et on s'ennuie très vite, attendant patiemment la prochaine scène gore.

Visuellement c'est autre chose. Et c'est là que John Erick Dowdle marque le plus de points. Il triture son image de façon très expérimentale, et au lieu de voir un bête slasher gore, on assiste plutôt à de beaux effets formels grâce au camescope. Ces déformations participent très certainement de l'ambiance glauque du film qui paraîtrait bien cheap sans cela. Quoique certains effets sont assez réussis, même lorsque l'image est stable. Côté acteurs, je regrette quand le tueur se met à hurler, ça le rend un peu moins mystérieux et effrayant. Alors que lorsqu'il garde son calme tout en disant qu'il va violer ou tuer quelqu'un, là on a le petit frisson (et tant pis si ce comportement est cliché/classique).

Bref, The Poughkeepsie Tapes est un film au nom compliqué à écrire, réalisé par un gars au nom compliqué à écrire aussi, dont les deux bonnes idées scénaristiques aboutissent à pas grand chose, mais qui surtout mérite d'être vu pour son traitement formel expérimental. C'est bouleversant (je précise quand même qu'il m'a fallu du temps pour me prendre au jeu, les premières images ne m'ayant pas vraiment convaincu). Et en plus le masque du tueur est assez cool, ce qui n'est pas simple à faire de nos jours dans un film d'horreur.