Oui Ulysse est de retour, mais il va prendre son temps. Le postulat de ce film est donc de raconter le dernier chant de l'un des plus vieux récit de l'Histoire (L'Odyssée d'Homère) à propos du héro de la Guerre de Troie sur 2h de long-métrage. Ce passage est généralement réduit à un dénouement dans les précédentes adaptation (je pense surtout à Ulysse de 1954 avec Kirk Douglas dans le rôle titre). Pasolini se retrouve donc à meubler son récit où l'un des rares moments qui capte l'attention du spectateur reste surtout la vengeance du personnage pendant environ les 20 dernières minutes. En effet du naufrage du roi d'Ithaque jusqu'à la conclusion sanglante il faut attendre pendant de longs tunnel de dialogues. En cela le film est dans un esprit théâtral, ce qui est louable comme intention (bien que pas cinématographique).
Le tournage dans le cadre insulaire grecque donne une authenticité aux images. Idem pour la direction artistique très sobre (la période étant ancienne, il ne faudrait pas chipoter sur ces détails).
Il y a une volonté de traiter les personnages de L’Odyssée (surtout Ulysse et Pénélope) à travers le prisme humain (la guerre qui change les hommes, la fidélité, le deuil et l'amour). Un peu comme dans Troie (2004) la présence du sacré est discrète voire absente.
J'ai rien à redire sur les performances de Ralph Fiennes (Ulysse) et Juliette Binoche (Pénélope) réunis 28 ans après Le Patient anglais (1996). Leurs dialogues transpirent les sentiments que traversent leurs personnages. En revanche je n'ai pas du tout été convaincu par les autres comédiens aux jeux plutôt aléatoires.
Le film de Pasolini (neveu de Luchino Visconti) a une approche singulière qui mérite d'être relevée. Il lui manquera toujours en raison des limites de celle-ci un souffle épique.