Avec The Rider, Chloé Zhao poursuit son exploration sensible de l’Amérique oubliée à travers le regard de Brady Blackburn, jeune prodige du rodéo confronté à une blessure qui remet en cause tout son avenir.
Ce qui m’a immédiatement marqué, c’est la mise en scène à la fois brute et profondément intime. Les plans serrés sur Brady traduisent avec justesse son isolement intérieur, tandis que les plans larges, rares mais soigneusement choisis et mis en scène, ponctuent le récit comme un chapitrage. Ce regard documentaire (puisque Chloé Zhao fait le choix de réécrire l'histoire de Brady Jandreau, dont elle à su s'affranchir pour donner au film un sens plus universel et plus touchant) , déjà à l’œuvre dans Nomadland, donne au film une pudeur précieuse, renforcée par le choix de faire jouer les protagonistes par les véritables personnes dont l’histoire est librement inspirée, notamment Brady Jandreau.
Ce qui aurait pu être un récit typiquement américain devient universel : l’épreuve de se reconstruire, de renoncer, ou non, à sa passion. Brady lutte sans jamais sombrer dans le pathos, et les scènes de dressage de chevaux incarnent cette relation au monde, tout en finesse, presque fusionnelle (tout en offrant une nouvelle fois une dimension documentaire).
J’ai aussi apprécié la présence naturelle de sa sœur handicapée et de son ami paraplégique, toujours traités avec dignité, loin de tout regard misérabiliste ou voyeuriste. Si certaines scènes, comme la métaphore avec Apollo, manquent un peu de subtilité, ou si la relation au père tourne quelque fois un peu en rond, le film n’en perd pas sa force émotionnelle.
Un film à la fois rugueux et délicat, que je conseille vivement pour la justesse de son regard. Ce portrait introspectif laisse une émotion douce-amère, celle du courage face à l’abandon.