Doggy style
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Si j’étais un jeune producteur débutant dans le métier, The Rover serait sans doute l’exemple parfait du projet que j’aimerais développer. Avec son apparent budget restreint – deux acteurs principaux, une immensité désertique et désolée, mais terriblement cinématographique, quelques voitures, quelques hangars – le film est une excellente surprise, à mi-chemin entre road movie et néo-western.
Apparent toutefois, car selon le site Imdb le film aurait coûté aux alentours de 12 millions de dollars ! Une somme, quand on sait que le budget moyen d’une production française tourne autour de 4 millions d’euros. Si on m’avait demandé d’estimer celui de The Rover, j’aurais sans doute parié sur un montant inférieur à 2 millions. Un écart qui est surement dû aux cachets des deux acteurs principaux, Guy Pearce, et Robert Pattinson – ce dernier sortant tout juste de la saga Twilight.
Un budget important qui explique en partie le cuisant échec commercial du film : ce dernier n’a rapporté worldwild que 2,5 millions de dollars, dont la moitié sur le sol américain.
David Michôd, réalisateur que j’ai eu la chance de découvrir au festival de Venise où son film-Netflix Le Roi était présenté en 2019, n’en était par ailleurs pas à son coup d’essai. The Rover, d’une qualité artistique bien supérieure au très oubliable Le Roi, est le second long métrage de Michôd en tant que réalisateur, après une série de courts métrages et la sortie remarquée d’Animal Kingdom, grand gagnant du festival de Sundance en 2010. Le film a été quant à lui présenté en sélection officielle au festival de Cannes 2014.
J’ai vu beaucoup de personnes comparer The Rover à Mad Max. L’influence est évidente : il s’agit de deux films « de voitures » post-apocalyptiques se déroulant dans le désert australien.
Je préfère pour ma part voir dans The Rover un croisement entre l’esthétique de Rubber, le film génial de Quentin Dupieux sur un pneu tueur – avec des plans très surexposés faisant ressentir le poids écrasant du soleil et de la chaleur –, et la trajectoire d’un personnage principal à la John Wick, mue par une froide vengeance (une comparaison qui trouve tout son sens dans la scène finale du film).
L’intrigue se déroule 10 ans après la Chute. De quoi ? On ne le saura vraiment jamais, mais cette indication du carton initial suffit à positionner le film dans un futur proche post-apo crade et poussiéreux.
C’est l’histoire d’Éric (Guy Pierce), l’archétype du type qui ne faut pas faire chier, qui s'est arrêté dans un saloon au bord d’une route. Problème : voilà que déboule trois types, un gang minable pourchassé par la police après avoir raté un de leurs coups, qui lui volent sa caisse. Sans le savoir, ils ont réveillé la bête au fond d’Éric, qui va les pourchasser et ne reculer devant rien pour récupérer ce qui lui appartient.
En chemin, il rencontre Rey (Robert Pattinson), l’un des malfrats, laissé pour mort par ses camarades avec une balle dans le bide. Rey souhaite se venger du reste du gang, dirigé par son frère Henry, qui l’a abandonné sans remord, gisant sur la route.
Ensemble, ils vont former un redoutable duo plein de ressources.
Outre la formidable ambiance poussiéreuse et misérable que le film arrive à dégager, l’un des grands points forts de The Rover est le jeu de ses deux acteurs principaux. Guy Pierce incarne à la perfection l’homme violent prêt à tout, qui ne ressent rien et exécute ses ennemis sans palabres. D’apparence impassible, toutes ses émotions sont transmises par de brefs regards qui en disent long.
Robert Pattinson, qui cherchait grâce à ce rôle à échapper aux fantômes de ses précédents films (comme on le comprend !), est également d’une justesse sidérante. Il incarne magnifiquement le jeune idiot, et j’ai été très impressionné par la palette de ses mimiques et rictus.
The Rover est un film fascinant sur un monde ayant perdu tout repère. Un monde où la violence prédomine, livré à la loi du plus fort, et ne laisse aucune place au sentimentalisme. Un monde de survit, bref, passionnant.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2014, Mes réalisateurs préférés : l'Antichambre ;), Un anneau pour les gouverner tous : Liste des sondages par Thématiques, Les meilleurs films post-apocalyptiques et Les meilleurs films se déroulant dans le désert
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le 31 mars 2021
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