Dans un univers chaud, sec, désolé, désertique et glauque, The Rover nous conte l’histoire d’un homme, Eric. Seul et visiblement sans histoire, qui se fait voler sa voiture par trois hommes armés et blessés après ce qui semble être un braquage qui a mal tourné.


Un scénario donc très très épuré, qui tient sur un demi post-it. Ce n’est pas donc dans ce dernier qu’on trouvera l’intérêt et la richesse de The Rover, mais bien dans son environnement et dans son univers presque post-apocalyptique extrêmement bien fichu.
En ce bas-monde, la survie est un combat de tous les instants. Au lendemain d’une crise qui s’est révélée être fatale pour la pérennité de l’espèce humaine, seule les mines Australiennes sont encore en activité sur ce pays-continent et sont exploitées par le continent Asiatique et surtout la Chine visiblement.


Risque de spoil.


The Rover est le second long métrage de David Michôd est dans la continuité d’Animal Kingdom, son premier film. L’homme est un loup pour l’homme et la vie humaine n’a pas plus de valeur que celle d’un chien.
Michôd dresse ici un portrait froid et vide de l’humanité que même les liens familiaux n’arrivent pas à rattraper, à l’image de Rey qui est abandonné (de force certes) et laissé pour mort par son grand frère. Aucun optimisme, aucun espoir donc pour l’espèce humaine qui semble déjà sévèrement amochée.


Abandonné par son groupe donc, Rey, incarné avec justesse et brio par Robert Pattinson, rencontre et est forcé de collaborer avec Eric (Guy Pearce), un homme froid et sans scrupule n’ayant visiblement plus rien à perdre. L’un peut assouvir sa vengeance et l’autre peut donc récupérer sa voiture, tout le monde y gagne.


On se rend compte au fur et à mesure que l’intrigue avance, que la violence est ce qui régit se monde et que le chacun-pour-soi est la seule est unique règle ici. Dès les premières scènes du film, Michôd met en place ce climat de violence avec la scène de l’accident vue de l’intérieur, une technique courante mais terriblement efficace.
Il a également une manière bien particulière de filmer cette violence, très souvent hors-champs, le spectateur ne constate pas les victimes immédiatement, ce qui donne un aspect encore plus réaliste au métrage. Le tout accompagné par une bande son electro collant parfaitement aux scènes d’action où de tension, rendant l’ambiance bien plus pesante et laissant toute la moiteur de ce monde s’exprimer.
Michôd dose parfaitement la violence dans ce Western Contemporain et presque contemplatif sans tomber dans l’anarchie New Wave/Punk d’un Mad Max par exemple. Non ici le réalisateur prend le temps de nous montrer la beauté des paysages désertiques australiens qui offrent un terrain de jeu parfait pour ce genre de film. On peut justement regretter le fait que Michôd ne joue pas complètement la carte du contemplatif, car il prend le temps certes, mais certains passages un peu lents mériteraient peut-être un plus d’ampleur, histoire qu’au moins la beauté des plans les justifient.
Mais cela n’empêche pas que toute la photographie du film soit sublime.


Se déroulant dans un monde peuplé de personnes dénuées de toute morale, The Rover est pourtant bel et bien un film sur l’humanité, à l’image de cette scène de fin sublime que j’ai trouvé très touchante.


Bref, David Michôd a su me captiver avec son second long-métrage, l'univers stérile mais tellement riche de The Rover m’a littéralement happé et ne m’a relâché qu’au générique de fin.

Redango
9
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le 13 juil. 2015

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