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James Ashcroft, déjà remarqué pour son goût du malaise psychologique, signe ici un thriller aussi dérangeant qu’hypnotique. The Rule of Jenny Pen ne cherche pas à effrayer par le sang, mais par le silence, les regards, et cette présence glaçante d’une poupée qui semble dicter sa loi autant au spectateur qu’aux personnages.

Le film s’ouvre dans une maison de retraite baignée d’une lumière blanche, presque clinique, où un juge diminué par un AVC (Geoffrey Rush, magistral dans la fragilité et la colère mêlées) se heurte à un pensionnaire inquiétant. Ce dernier — interprété par John Lithgow, tout en retenue venimeuse — transforme chaque échange en duel mental. Ashcroft joue de la lenteur, du mutisme, du rythme étouffant pour tisser une tension constante.

La mise en scène évoque parfois The Others ou The Father, avec une caméra qui s’attarde sur les détails : un tic nerveux, un craquement de fauteuil, un souffle derrière une porte. La poupée Jenny Pen, omniprésente, devient presque un personnage à part entière, symbole de pouvoir et de perversion. On devine qu’Ashcroft veut nous parler de contrôle, de culpabilité, et du poids de la conscience.

La musique, discrète mais parfaitement dosée, joue sur des nappes de cordes oppressantes, des respirations mécaniques et des silences volontairement étirés — le tout rendant chaque plan plus menaçant que le précédent.

Le film n’est pas exempt de longueurs, ni d’un certain maniérisme dans son dernier acte. Mais la dualité Lithgow/Rush porte littéralement The Rule of Jenny Pen. Le premier y met ses tripes, le second son venin. Résultat : une œuvre imparfaite mais profondément troublante, qui reste dans la tête bien après le générique.

Ma note : 6/10.

Mika-el
6
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il y a 2 jours

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Mica

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