The Sentinel par Christine Deschamps

Dans leur imaginaire collectif, les États-Unis d'Amérique considèrent leur Président comme le symbole incarné de leurs vertus les plus grandes, tout en ayant conscience que dans le monde entier et en leur sein-même, les illuminés prêts à le dégommer sont légion. Ils ont donc créé un corps d'élite pour le protéger, une sorte d'ordre de moines-guerriers presque laïcs qui croient qu'ils gardent le Saint-Graal en personne. Il faut bien ça pour justifier la débauche de moyens énormes pour que le locataire de la massive Maison Blanche échappe à un funeste destin... à aucun moment ces samouraïs sans états d'âmes ne conçoivent l'ambigüité de leur mission. Et à aucun moment ce film ne se pose la moindre question sur la légitimité des assassinats auxquels se livrent en toute légalité ces croisés en costume sombre. Vous me direz, c'est le cahier des charges de ce genre de production et ça n'est pas faux. Celle-ci ne se distingue ni par son originalité ni par quelque défaut de forme impardonnable qui permettrait de la dégommer sèchement. Elle s'inscrit juste dans une tradition bien rodée de films de propagande politique et d'action mêlées dont on arrive un peu à saturation dans le reste du monde et dont l'actuel occupant de la Maison Blanche vient saccager joyeusement toute la logique fondée sur la mission sacrée des États-Unis dans le monde. Reste à rire sous cape ou à bailler franchement en suivant d'un œil distrait cette cavalcade qui gâche un peu les talents de sa belle distribution.