Qu'est-ce qu'il ne faut pas lire depuis que The Social Network a été montré à la presse: le chef-d'œuvre de l'ère internet, le film d'une génération, etc... Mais de quelle génération parle-t-on ici? De cette ère bien trop surestimée qui a vu l'émergence de petits malins particulièrement égoïstes qui ne respectent pas la liberté individuelle des autres en pensant dangereusement parfois que tout peut et doit se dire au détriment justement de la liberté des autres? Oui, de cette époque fort peu glorieuse qui a donné jour au nouvel opium du peuple et à son dieu internet qui annihile la réflexion personnelle au détriment de celle de la masse qui ne jure plus que par son dieu technologique de pacotille. Et on parle de génie en évoquant les Bill Gates, Steve Jobs et autres Mark Zuckerberg parce qu'ils ont réussi à engranger des milliards en abrutissant les gens avec leurs produits purement commerciaux. On pourrait parler de surdoués, d'accord, mais pas de génie, ce serait leur faire trop d'honneur. Et franchement, à part avoir fait perdre tout sa noblesse au mot ami, et ce dans toutes les langues du monde, en quoi Zuckeberg mérite-t-il le titre de génie? Depuis la création de son très gros machin, l'amitié se résume à une quantité et non plus à une qualité et ce n'est certainement pas là un progrès.
Alors le film de David Fincher devient aussi anecdotique que son sujet. Il utilise les auditions qui pourrait mener à un procès contre Zuckerberg pour nous expliquer, certes de manière romancée, comment un petit étudiant pathétique a réussi à endormir les foules grâce à un outil qu'il a lancé sans ne jamais réfléchir à ses conséquences et qu'il n'a jamais vraiment maîtrisé, un monstre qui, aujourd'hui, règle l'existence de plusieurs millions de personnes, faisant de ceux qui refusent d'y adhérer et de s'y soumettre, des exclus, des parias et pire des arriérés.
Le seul point positif du film est de ne juger personne et d'insister, grâce à une excellente scène finale, au misérable pathétisme de Zuckerberg qui, par un manque maladif d'ouverture, reste plus seul que jamais. Mais, sinon, tout cela est long, pas très captivant, affreusement bavard et fait sans cesse référence à un langage technique, véritable poudre aux yeux sous le prétexte facile de faire croire au spectateur qu'il puisse être admis dans cet univers très fermé, réservé à une minorité qui s'est engouffré, sans réfléchir à autre chose qu'à leur petite personne et leur profit, dans ce milieu favorisé par la politique capitaliste libérale qui se moque royalement de l'individu. Ce qui marchait à merveille dans Zodiac tourne complètement à vide ici, rendant le résultat totalement anodin et sans grand intérêt.
Est-ce que ce personnage que certains prennent effroyablement pour un modèle de réussite méritait une énième vitrine?
RemyD
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le 12 oct. 2010

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