Cette revisite du conte de "Cendrillon" aussi bien satyrique que trashouille opérée par Emilie Blichfeldt m'a réellement surpris de par son aspect froid et en même temps presque féérique.
Petite pépite de ce milieu d'année qui ne bénéficie d'ailleurs que d'une com très réduite, le film nous présente donc une jeune femme, naturellement très belle, venant de perdre son père suite à l'arrivée de sa nouvelle belle-mère et de ses demi-sœurs. Lorsque le Prince organise un bal pour se trouver une concubine, la belle-mère fait tout pour écarter Cendrillon et rendre une de ses deux filles attrayante pour le Prince.
Bon, c'est "Cendrillon" quoi, tout le monde connait déjà l'histoire mais ici, lorsque je dis que la belle-mère veut rendre une de ses deux filles attrayantes, elle la construit réellement, n'hésitant pas à avoir recours aux pires méthodes de chirurgie esthétique de l'époque. Vous l'aurez donc assez vite compris, on est dans du body horror quelques fois bien crade et le film apporte de plus un regard très intéressant sur les antagonistes.
Car effectivement, si "the ugly stepsister" est carrément devenu une expression anglophone (désignant l'infériorité, le raté mais aussi le marginal et peut donc s'articuler autour d'une notion de camp mais on y reviendra), il n'y a eu aucune œuvre (enfin du moins pas à ma connaissance) basée sur l'antagoniste en question. C'est alors une approche intéressante car on peut ainsi, de son point de vue, mieux cerner ce personnage passant de victime à une figure monstrueuse, dans le sens littéral, ce qui rend de plus le récit un peu moins manichéen, même le Prince et ses potes sont de parfaits connards.
Et le film possède donc, à mon sens, cette dimension camp, déjà visuellement avec cette scène d'introduction particulièrement kitsch, cette mise en scène qui en fait souvent volontairement des caisses (mais toujours en étant sublime) et puis la rivalité féminine ici évidemment particulièrement marquée avec de plus des expressions de genre assez exagérées. Même dans son aspect body horror, le film parvient à être camp en transformant le sublime en monstrueux et en construisant une beauté artificielle ayant une date de péremption.
On pourra également retenir la musique, souvent anachronique, qui apporte une couche de matière supplémentaire à l'ensemble.
En résumé, "The Ugly Stepsister" est donc un conte horrifique tout aussi magnifique que dérangeant.