J'ai finalement revu There Will Be Blood, et je dois dire que c'est un film qui me laisse toujours avec des sentiments mitigés, d'où mon 7/10. D'un côté, c'est une œuvre d'art brute, implacable, avec une performance centrale si monumentale qu'elle justifie presque à elle seule l'existence du film. De l'autre, je trouve que c'est une expérience épuisante et parfois aliénante.
- Le film est, avant tout, Daniel Day-Lewis dans la peau de Daniel Plainview. C'est fascinant de le regarder, une véritable masterclass d'acteur. Il ne joue pas un homme ; il est la cupidité et l'ambition à l'état pur. Sa transformation progressive d'un prospecteur acharné mais fonctionnel en un monstre misanthrope, obsédé par l'argent et le pouvoir, est terrifiante. Chaque tic, chaque ligne livrée avec cette intonation hurlante et prédatrice est captivante. L'énergie qu'il dégage est absolument électrique.
- Visuellement, le film est époustouflant. La mise en scène de Paul Thomas Anderson est vaste et lyrique. Les paysages arides du début, la boue, le pétrole qui jaillit... tout est filmé avec une beauté sombre et crue. La musique de Jonny Greenwood est un autre point fort majeur. Elle est dissonante, stressante, presque agressive, et elle installe une ambiance d'angoisse et de folie qui colle parfaitement à l'histoire.
- Alors, pourquoi seulement 7/10 ? Mon principal problème, c'est que je trouve le film trop froid et trop long. L'austérité et la noirceur sont essentielles à son propos, mais elles créent une distance qui m'empêche de m'investir complètement. Il y a très peu de personnages avec lesquels on peut éprouver de l'empathie, et l'histoire, bien que puissante, est un peu trop lente et méditative par moments. L'affrontement entre Plainview et le jeune pasteur Eli Sunday (joué par Paul Dano) est brillamment écrit, mais l'acte final, bien que s'achevant sur la ligne culte du "I drink your milkshake!", traîne en longueur et devient presque une caricature de la folie du personnage principal.
Conclusion
- J'admire énormément There Will Be Blood pour sa qualité techniqueimpeccable, sa performance légendaire et son exploration sans concession de la corruption de l'âme par le capitalisme. Mais je n'arrive pas à aimer le regarder. C'est un chef-d'œuvre difficile et intimidant qui mérite d'être vu, mais je ne le reverrais pas tous les week-ends.