Très voire trop librement adaptée du roman éponyme zolien, cette relecture de Thérèse Raquin ne conserve que l’emballage, en évacue l’essence. Ce qui intéresse Marcel Carné n’est pas tant la folie progressive de ses protagonistes travaillés par leur crime que l’intrigue policière destinée à les coincer. Autre fatalité, ici judiciaire, que celle développée par Zola, là héréditaire et terriblement humaine. La caméra nous place en omniscience despotique où les acteurs ne sont que des pions joués sur un plateau ; tout est rapporté à la loi, rien à la nature de l’homme. Quelques mentions sanguines ou nerveuses ne suffisent pas. Pourtant le film s’avère d’une qualité indéniable ; mais son erreur réside dans la démarche d’adapter une œuvre qu’il ne fait qu’effleurer, enveloppe prétexte à un scénario dont les grandes lignes coïncident avec le roman. Ainsi que le nom des personnages, certes. Carné lyophilise Thérèse Raquin dont la végétation policière ne rend guère hommage à la grandeur de son modèle. Adaptation bâtarde mais bon film néanmoins.