Seuls les trains subsistent
Je regrette de n'avoir jamais vu de Ozu avant d'avoir regardé ce film. Parce que du coup, je n'ai pas pu relier ce que disent ses anciens collaborateurs dans les interviews à du concret. Par contre, l'image de Ozu, sa façon de créer que les discussions avec le caméraman laissent entrevoir, ça m'a carrément donné envie de m'intéresser à ce cinéaste obsédé par la sobriété de l'image.
Cette sobriété est d'ailleurs le deuxième sujet du film. On sent, en entendant Wenders parler, qu'il a été déçu par son voyage au Japon. On sent qu'il est repoussé par ces images de japonais passant leur vie à jouer au Pachinko ou dans les salles d'arcade, pour s'oublier, qu'il est déçu de ne pas retrouver l’authenticité qu'il aime chez Ozu.
Le Japon est devenu faux, ce que dénonce Herzog d'ailleurs lors de sa courte apparition. Tout est maintenant falsifié, de l'image abîmée par la télévision, jusqu'aux objets et à la nourriture. Il y a d'ailleurs une scène assez incroyable dans une usine où l'on fabrique de faux repas en cire pour les mettre en devanture.
Cependant, au milieu de cette détérioration de l'image, subsiste encore un peu de vérité. Les trains, chers à Ozu, sont toujours omniprésent. La société japonaise était à l'époque toujours en mouvement, entre le Shinkansen et les parties de golf. D’ailleurs, l'apparition de Marker à l'écran, alors qu'il était en train de réaliser Sans Soleil, atteste que, si la société japonaise a évoluée à cause du libéralisme américain, elle a conservée sa spécificité sous une autre forme: une passion du mouvement. Le Japon existe toujours, derrière sa carapace kitch.
Un documentaire juste sur le Japon des années 80, qui donne envie de découvrir Ozu.