Tous les autres s'appellent Ali est certainement le meilleur film de Rainer W. Fassbinder, le plus mûr et le moins volontairement kitsch. Une femme d'un certain âge isolée rencontre un soir dans un bar un ouvrier d'origine marocaine, une étrange histoire d'amour va démarrer entre eux. C'était plutôt osé en 1974 dans cette Allemagne encore très conservatrice et puritaine d'aborder une romance aussi disparate, non seulement à cause de la différence d'âge (avec la femme comme aînée en plus) mais aussi à cause des origines nord-africaines de l'homme qui provoquent évidemment la polémique chez les proches du personnage féminin. La romance est dans son genre bizarre et pourtant touchante, mais ce qui s'avère peut-être le plus remarquable et encore plus avec le temps, c'est la description du racisme latent, même pas hypocrite se cachant derrière un discours élaboré, le couple subit le rejet unanime de tous et de façon ouverte (on insulte l'"arabe" avec tous les stéréotypes malsains possible, odeur, saleté, violeur, terrorisme, ...). La réalisation de Fassbinder est étonnement sobre, sans effets contrairement à son habitude, sans non plus ses mouvements voyants, c'est plus naturel pour ne pas dire naturaliste.

YgorParizel
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le 12 sept. 2022

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Ygor Parizel

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