Tout Seul
7.1
Tout Seul

Spectacle de Jean-Pierre Baiesi (1997)

Je ne me suis jamais vraiment intéressé à son duo avec Elie car j'ai toujours trouvé Dieudo meilleur "Tout seul". Même lorsqu'il joue avec d'autres dans ses propres spectacles, ça casse le rythme, j'y reviendrais. Ici, pour son premier spectacle solo, il ne sera accompagné que d'un groupe de musiciens, jouant pour faire la transition entre chaque personnage qu'il incarnera.
Il commence avec un présentateur d'émission, qui sera récurrent dans plusieurs de ses futurs spectacles et qui signe les prémisses du fameux journaliste de "Cocorico". L'émission (et le spectacle) portera sur Michel Laplume qui a assassiné 16 personnes dans une petite bourgade. Des (plus ou moins) témoins de l'affaire et quelques connaissances de Michel seront un par un interrogés.
Et très vite s'enchaînent sur des sketchs plutôt courts les caricatures que Dieudo incarne avec un malin plaisir:
- Le garagiste et son chien Toby (un téquel argentin croisé hérisson), lançant des piques sur les femmes (les débuts de Patrick?), les portugais, les homos...
- Un représentant syndicaliste ouvrier, une belle parodie de ce que ça peut être, gueulant (parfois inaudiblement) que les ouvriers sont la population la plus pauvre de la planète après les Amérindiens.
- Le curé, perso récurrent de ses premiers spectacles, qui montre bien ce que pensait Dieudo de la religion à ses débuts, l'imitant à la fin avec un accent nazi.
- Le jeune de banlieue, sorte de Toufik qu'il gardera aussi pour ses autres spectacles. Il en profite pour tacler le FN mais aussi pour la première fois, les juifs.
- Le patron d'entreprise, prétentieux et faux-cul ("12 morts, ça fait 12 personnes en moins à licencier") dont le père a acheté l'entreprise à un ex-israëlite.
- L' handicapé mental qui sort des tonnes d'invraisemblance, qui a "un neurone comme "Morandini" (ce type méritait déjà d'être insulté à l'époque?) et qui devient presque touchant sur la fin. Est à l'origine de la tuerie sans le vouloir.
- Une prof de danse, un peu imbue de sa personne (Michel la désirait donc il lui a tiré dessus par "passion"), venant d'une famille d'artiste déchue. Dieudo jouera assez souvent "la femme" avec les mêmes tics.
- Un joueur de pétanque alcoolique et sexiste... mais qui devient touchant également car il se met à chanter avec les musiciens "Attendre", véritable poésie de riverain, de vie sur le temps. On connait peu cette facette de l'humoriste mais c'est une preuve de plus de son génie.
- Le noir "Oképi Malin", un classique de Dieudonné qui a déjà ses petits tics (tss) mais une perruque peut-être en trop. SDF depuis 25 ans, même la mort ne veut pas de lui. Il se met ensuite à danser avec les musiciens (cette partie n'était pas forcément utile).
- Enfin, la femme qui affirme n'avoir pas peur de dire ce qu'elle pense, qu'elle n'a rien à dire mais finit par propager toutes les rumeurs "ce sont les juifs, les francs-maçons et les PDs à la télé". En profite pour dénoncer la politique, le chacun pour soi, le capitalisme etc...
Il finit sur un exercice vocal, "Humain", prose et chant sur de la musique. Et comme un chanteur, présente ses musiciens et salue avec eux son publique.

Bilan: un très bon premier spectacle qui permet déjà de juger le talent du bonhomme, qui en plus de nous faire rire, arrive à provoquer d'autres émotions tout en empiétant sur d'autres arts comme la musique. Des sketchs tous aussi réussis les uns que les autres avec des personnages qui deviendront pour la plupart des classiques récurrents, mais aussi des originalités comme l' handicapé mental ou le représentant syndicaliste, que l'on aurait aimé pour le coup revoir plus souvent.
Il nous balance déjà quelques répliques qui deviendront cultes par leur récurrence comme "Mon cul sur la commode", "Ça c'est encore autre chose", "Détendre un peu l'atmosphère" (en pleine tuerie)", "Choper la chiasse", "On l'entend moins ta grande gueule" tout en se décrottant le nez discrètement.
Quelques passages inutiles (comme Oképi qui danse, m'aillant presque mis mal à l'aise) et surtout, une impression que Dieudo a du mal à finir ses sketchs, la dernière réplique de chaque personnage étant pas mal de fois décevantes.
Pour le coup, ici, il s'attaque vraiment à tout le monde, peut-être qu' il n'avait encore subie aucune pression d'une communauté en particulier. De plus, la plupart de ses caricatures sont très fines et décrit une société qui allait déjà mal 15 ans auparavant. Il est donc normal après visionnage de ce "Tout seul" d'attendre la suite... car en plus de ça, elle sera encore meilleure... ceci n'étant qu'une transition réussie entre ses spectacles solos et son duo avec Elie.
Strangeman57
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le 26 févr. 2014

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