Dans le marasme ciné de cette année 2020 en dents de scie, il y a eu quelques films … et ils ont donc assez logiquement attiré l’attention (et pas seulement parce que leur affiche est moche). Celui-ci en fait partie. Cette comédie nous présente JP, acteur sans le sou et sans travail. Pour se faire connaître il enchaîne les vidéos drôles et provoc’ sur Youtube. JP est noir et entend bien marcher dans les pas des revendications pour davantage d’égalité en France. Pour se faire entendre, il souhaite organiser une marche de l’homme noir. Il se rapproche de ses quelques connaissances plus ou moins célèbres (en fonction de votre consommation des médias, de votre univers culturel et probablement de votre âge). Très vite, il va comprendre qu’avant d’avoir une réponse, il doit bien cerner la question. C’est donc une comédie disais-je. C’est filmé caméra à l’épaule, tendance « c’est arrivé près de chez vous ». Une sorte de docu-fiction en somme. On mélange du vrai et du faux : le personnage principal est inspiré de la vie du réal mais ce n’est pas vraiment lui, les acteurs et autres célébrités jouent pour certains leur propre rôle mais c’est scénarisé. Bref, un sentiment de confusion quand on n’est pas très à la page. Et c’est voulu. Visuellement, rien de folichon mais là encore, c’est probablement voulu. Maintenant, est-ce que c’est drôle ? Oui, assurément. C’est drôle parce que ça ose pousser les frontières entre la caricature, la satyre … et l’hommage et la tendresse. D’une certaine manière Zadi pointe du doigt la mauvaise foi, y compris la sienne. Ce film qui ressemble à une comédie de potes au premier degré est en réalité une véritable réflexion en temps réel sur l’altérité en Hexagonie et sur l’identité supposée des uns et des autres. C’est là le véritable intérêt de tout ça. Il pose les bonnes questions en mettant en avant les mauvaises. Il explique l’essentialisme. Il place chacun face à ses contradictions et ne propose aucune solution toute faite. Au final, le film met en avant la liberté de chacun de se définir selon ses propres critères et de trouver sa propre place dans la société, de se trouver très à l’aise dans le concept très républicain de la nation ou au contraire de s’en détacher dans une démarche individuelle ou dans une démarche collective que certains diront communautaire. Donc oui, c’est une pochade grasse (et drôle) mais c’est aussi un essai diablement malin et finalement assez touchant. Est-il utile de préciser qu’il convient d’avoir l’esprit ouvert et d’être capable soi-même de questionner le concept d’identité pour apprécier cette heureuse tentative ?