Pixar, je vous aime

Mais où s'arrêteront-ils ? Jusqu'où iront les génies de Pixar ? Quand Dreamworks, avec Shrek 4, se contente de nous resservir la même recette jusqu'à l'indigestion, la firme à la lampe repousse les limites de l'excellence pour se rapprocher encore un peu plus de la perfection. Toy Story était une réussite, Toy Story 2 un chef-d'œuvre... Et Toy Story 3 ? Un trésor. Un trésor d'humour, d'émotion, de sensibilité...

Non, il ne s'agit aucunement d'un simple "film pour enfants", terme ô combien réducteur. En effet, très rares sont les œuvres capables de fédérer un public aussi large et varié. Ce film, plus que tout autre, a le don de réveiller en chaque adulte la part d'enfance qu'il garde cachée au plus profond de lui, plus ou moins enfouie sous le poids des années. Renouer avec cet émerveillement, oublier un moment les tracas quotidiens... Juste un instant, le temps de la projection, voire pendant les quelques heures qui suivent, tant la magie opère bien au-delà des salles de cinéma. Et ce, sans pour autant se séparer de cette capacité d'analyse et ce léger recul propres à l'âge adulte... Heureusement, car ce joyau est littéralement truffé de références au septième art et regorge de clins d'œil multiples, notamment aux précédents opus ou même à des événements historiques. Il serait dommage de passer à côté !

Ce qui ne risque pas d'échapper au spectateur, quoi qu'il en soit, c'est le soin extrême apporté à chaque scène, chaque personnage, chaque réplique... L'animation, d'une qualité incroyable, se met au service d'un scénario exceptionnel. Quelle joie, onze ans après les avoir quittés, de retrouver ces jouets, véritables héros de toute une génération ! Ils n'avaient sans doute jamais paru si humains, luttant corps et âme pour leur survie malgré les obstacles quasi insurmontables qui se dressent sur leur chemin. Mais ils ne seront pas seuls : toute une communauté de nouveaux joujoux va les rejoindre, pour le meilleur et pour le pire. Parmi eux, des personnages comme Ken donnent une dimension comique insoupçonnée à ce film qui, décidément, est touché par la grâce.

On pourrait clore ainsi cette critique, ou plutôt ce vibrant hommage, mais c'eût été sans compter l'exploit numéro 1 accompli par les prodiges de Pixar : émouvoir le public aux larmes grâce à de simples images de synthèse. Nous savons tous combien il est difficile de toucher le spectateur au plus profond de lui avec des acteurs en chair et en os... Imaginons alors l'ampleur du travail fourni afin que l'on s'identifie aux héros virtuels de Toy Story 3, au point d'être absolument bouleversés lors d'un final inoubliable, d'une intensité rare, véritable bijou de sensibilité. Quelle émotion, quelle claque !... Disney-Pixar, ou l'art de transformer un film d'animation parmi tant d'autres en expérience unique.