Transformers - Le Commencement
6.9
Transformers - Le Commencement

Long-métrage d'animation de Josh Cooley (2024)

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Vous avez déjà vu cette scène un nombre incalculable de fois:

Un personnage hurle, de frustration ou de douleur, au milieu d’un endroit immense, et la caméra se déporte au loin en atténuant le son mais en faisant sentir sa force dans la quiétude des lieux, tandis que quelques oiseaux dérangés prennent leur envol, ou que de paisibles herbivores lèvent la tête circonspects (ici des biches-bots dont on cherche toujours la raison d’être).

Cette scène, et tant d’autres éculées, forment l’humour de Transformers One. Quand ce ne sont pas les interventions Jar-Jariennes de Bumblebee, sidekick lourdingue qui se doit de tout commenter niaisement.

C’est à partir de cette scène, qui arrive au tiers du métrage, que je me suis demandé ce que je foutais là, et si tous les avis qui encensent ce film comme une incommensurable surprise n’étaient pas issus de personnes ayant une énorme poutre métallique dans l'œil.


Car s’il n’y avait que l’humour que je trouvais plat, que l'œuvre d’un Josh Cooley qui avait réussi à me convaincre sur Toy Story 4 avait d’autres cordes à son arc qui justifierait les éloges, je pourrais me ranger dans les rangs de ses défenseurs. Mais là, rien.


Les thématiques et le scénario? C’est pas vilain, mais c’est mal conçu. On ne croit pas un instant au retournement de veste du futur Megatron, trop soudain. Tandis que l’histoire de lutte des classes et de faux prophètes (suscitant un étonnement proche du néant) ne s’élève jamais au-dessus du sempiternel “si tu y crois, tout est possible”, notamment par la faible caractérisation des personnages archétypaux, et le peu d’empathie qu’ils suscitent. Et c’est là qu’est le plus gros problème du film à mon sens, c’est son univers. On nous présente les Transformers comme des êtres vivants, sans jamais ne serait-ce qu’effleurer l’idée qu’ils sont des robots. Très bien, j’accepte le deal, mais dans ce cas là, le climax final est un massacre ultra-violent à base de démembrements, fractures ouvertes et liquéfaction. Mais Optimus et ses potos ne semblent faire aucun état d’âme sur cette boucherie fratricide, dévoyant tout la portée émotionnelle potentielle de l’arc narratif. Pis encore, Bumblebee fait des blagounettes sur ses instruments de mort.

Si l’on prend le parti pris que les Transformers ne sont en fait pas vivants, on n’est pas mieux lotis.

C’est bien là les limites d’un imaginaire créé pour la seule raison de vendre des jouets à nos têtes blondes. Sans cohérence aucune, il n’est pas possible de susciter l’intérêt du spectateur.


Et ces lacunes de world-building se ressentent jusque dans l’action elle-même. Celle-ci ne peut pas fonctionner sans règles. Si les œuvres se passant dans notre monde ont des règles innées et donc implicitement acquises par l’audience, ce n’est pas le cas des univers fictifs. Il faut que le fonctionnement soit établi pour que les enjeux puissent exister. Ici, on ne sait pas ce qui tue, ce qui blesse. Les échelles de puissances et les champs du possible ne sont jamais définis. Les coups sont donc creux, n’ayant même pas l’inventivité visuelle d’un Tex Avery. D’autant plus que l’animation est générique et anguleuse (mais là c’est sans doute mon manque d’affect pour tout ce qui est relatif aux méchas qui parle), bien loin des derniers essais fructueux de chez DreamWorks, de la patte Disney/Pixar qui a défaut de se renouveler est parfaitement maîtrisée, ou de la folle innovation que l’on peut voir dans le Spiderverse de Sony.


In fine, Transformers One n’est pas honteux, et s’élève sans efforts au-dessus des beauferies de Michael Bay. Il est en plus doté d’un casting vocal assez riche (en V.O.), mais qui nous rappelle que le dernier rôle d’Orson Welles était dans la série animée de la franchise, pour des raisons purement financières. Son existence ne se justifie hélas que par le mercantilisme de Hasbro qui compte bien vendre la ribambelle de Primes et les différentes évolutions des protagonistes. Un produit donc, qui baigne dans le quelconque mal fagoté. Je me foutais de la licence avant, je m'en fous toujours autant.


Créée

le 28 oct. 2024

Critique lue 216 fois

3 j'aime

Frakkazak

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