Un jeune acteur qui végète, livre un faux témoignage à la police pour un peu de publicité. Mais l'homme qu'il fait condamner s'échappe de prison et menace sa vie. Ce Gilles Grangier, adapté d'un roman Fleuve Noir, est certes un film noir mais ce n'est pas son intérêt premier. Son intrigue n'est pas très crédible et son traitement poussif. Plus captivante est sa description assez cruelle de la tournée en province d'une troupe de théâtre de seconde zone qui joue Lorenzaccio en Normandie. Les larges extraits de la pièce sont sans doute censés répondre au suspense en cours mais ce n'est guère probant. Plus que le personnage de l'acteur ambitieux, talentueux sur scène mais incroyablement veule et égocentrique dans la vie, joué par un Daniel Gélin en surrégime, c'est la stature de Lino Ventura (alias Lino Ferrari) qui donne des couleurs au film et encore davantage le rôle qui est offert à Jeanne Moreau, magnifique d'ambigüité. Les dialogues d'un Audiard, pas encore à son zénith, contribuent à faire oublier le caractère vieillot d'un film qui en d'autres mains que celles de Grangier aurait davantage eu d'impact.