L’humanité mérite-t-elle sa part de merveilleux au delà du réel?

C’est toujours intéressant de voir un nouveau film de George Miller tant on a envie de constater sur quel chemin il va bien nous entraîner. Des films comme Les Sorcières d’Eastwick ou Babe ont prouvé que le réalisateur pouvait faire le grand écart entre un imaginaire fantasque ou tendre. Trois mille ans à t’attendre, adapté d’une nouvelle de Byatt,est à mi-chemin de ces deux tonalités. La nature même de l’histoire veut que le génie se mette littéralement à table( en lui racontant son parcours) pour convaincre Alithéa, sa nouvelle obligée, de réaliser trois vœux. Le dispositif est excellent puisque la femme intelligente veut savoir qui elle a en face d’elle avant de s’engager dans la procédure. Ce premier rapport de force posé entre les deux personnages, toutes les directions sont alors savoureuses puisque l’écoute qu’ils ont l’un pour l’autre leur permettent de cerner les psychologies des gens qu’ils ont connu et aimé pour le meilleur ou pour le pire.Et finalement la relation obligée/ génie prend un tour inattendu. La façon dont Miller s’est approprié cette histoire démontre encore et toujours son regard ( à la fois intéressé ou fataliste) sur les mécaniques humaines inaltérables dans le temps. Alithéa et le génie, en se racontant leurs vies dans un hôtel d’Istambul où dans sa maison londonienne se posent à demi-mot la même question: l’humanité mérite-t-elle sa part de merveilleux au-delà du réel? Car de part son incorrigible nature à tout vouloir remettre en question où détruire, elle n’a pas paradoxalement pas la faculté de profiter de sa chance d’être heureuse. Du côté des acteurs, Tilda Swinton endosse encore une nouvelle fois avec brio une personnalité déconnectée par intermittence du monde réel. Idris Elba, quant à lui doit faire passer ses émotions plus par le regard que par ses dialogues, de ce génie qui a tout vécu et enduré pendant des siècles et des siècles. En suivant ces deux là, vous êtes comme hors du temps pendant la séance et appréciez leurs échanges habités, leur intimité contre-nature où la réalité est un détail. Le film aura marqué et vous serez ravis d’avoir passé des moments suspendus où les musicalités du conte et du réel auront paru jouer à l’unisson.

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le 25 août 2022

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