Les dieux de la Grille

Regarder Tron plus de quarante ans après, c’est constater qu’on a devant soi un film intelligent, visionnaire, mais trop en avance sur ses moyens.

On y retrouve cette ambiance inimitable des années 1980 : l’explosion de l’informatique, les salles d’arcade enfumées où on allait retrouver les copains, et cette fascination naissante pour les machines.

La Grille, avec son esthétique étrange et dépouillée, marque encore les esprits. On y distingue clairement deux mondes : celui des programmes, et celui de leurs concepteurs — perçus comme des dieux distants, jamais mêlés à leurs créations.

Jusqu’à ce que Flynn, pirate de génie, soit précipité dans la Grille par le MCP — une punition qui deviendra paradoxalement la plus grande chance de sa vie.

Ce qui commençait comme un film de braquage high-tech et de hacking chez Encom se mue alors en expérience de cinéma expérimental, parfois confuse visuellement, mais d’une audace folle. Tron n’a pas tout réussi, mais il a tout tenté. Et c’est cette audace, plus que sa narration, qui l’a rendu culte.

Disney continue d’ailleurs de tenter d’en extraire l’essence, sans jamais vraiment savoir quoi faire de ce mythe numérique. Car Tron, c’est un peu ça : une idée de génie que le cinéma poursuit depuis quarante ans sans jamais la rattraper.