La patte Coen grasse et lourde empreintée sur le terrain désertique et déserté du grand Ouest. La prestation de Jeff Bridges, rembauché après Big Lebowski, vaut son pesant de cacahuètes et sert grandement le comique bouffon si caractéristique des comédies Coeniennes. Car là encore, on s'y retrouve. Arpentant des terrains connus, on est jouasse de retrouver un ami pas vu depuis un demi- bail.
Pourtant, l'amitié a un peu perdu de sa superbe avec le temps. Par exemple, la dernière visite n'est pas aussi trépidante que l'était en son temps No Country For Old Man. S'il n'y a pas de véritable surprise, l'étonnement tient paradoxalement en ce qui caractérise le film et qui pourtant lui manque cruellement. Je m'explique : d'accord, les incartades loufoques plantées dans un univers battu et rabattu prennent le spectateur de court, mais ces dernières n'estomaquent jamais vraiment par leur originalité.
Et quand on ne pense pas à une influence cinématographique de la paire, on pense directement à un de leurs anciens films. Un seul exemple des plus parlants : la scène d'exécution dans le refuge par Rooster (le premier rôle) fait directement écho à la scène de la penderie où Clooney assassine Pitt dans Burn After Reading. En parlant d'influence, on détecte aussi une grosse pincée de Monty Python estampillée Sacré Graal, lorsqu'apparaît inopinément l'apothicaire ambulant à la tête d'ours, juste un peu plus louche que le reste ; tant on le soupçonne d'être nécrophile.
Au final, si on passe un excellent moment de pitrerie mi-sordide mi-potache, on n'en garde pas un souvenir ému pour autant. En voulant revisiter le Western en se targuant non pas d'un remake mais d'une « re-creation », les Coen choisissent la facilité en transvasant leur art typique de la comédie avec une certaine paresse qui n'empêche toutefois pas le résultat de faire mouche. Au moins, on peut s'enorgueillir que les deux heures passent suffisamment vite pour que l'on ne sourcille pas d'un poil dru.
Adrast
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le 23 mars 2011

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