Maria, lèvres allégrement rougies, ongles vernis de rose et cheveux blonds bouclés rebelles à son image est ce que l’on appelle communément une chipie. Plus préoccupée par ses fringues que par sa santé, elle vit sa vie clope au bec et canette à la main. Cette personnalité particulière l’amène à rencontrer un homme qui est – au même titre qu’elle - détesté par sa famille. Ce type, Mathew, a pris l’habitude de se balader toujours accompagné d’une grenade en état de marche que son grand-père a ramené du Vietnam.

Si je prends la peine de vous décrire ces deux personnes, c’est avant tout pour illustrer le fait que ce film relate l’histoire de cinglés notoires, vulgaires, pour qui les mots avortement et mariage s'emploient incessamment et ne symbolisent rien d'autre que l'acte en lui-même, détaché de ses causes ou de ses conséquences.

La rencontre de toutes ces personnalités crée des situations pour le moins improbables, vraiment amusantes. Et c’est d’ailleurs là un des atouts du métrage, il est poilant, les dialogues sont étonnamment intelligents pour une comédie « récente », on ne tombe jamais dans la facilité et même les passages d’intimité se passent des répliques racoleuses, bêtes et surutilisées de nos jours en ce qui concerne l’amour.

Le talent d’écriture est complété par un jeu d’acteur très soigné teinté d’une ironie souvent décelable et fort plaisante. Malgré le caractère tragique de leur situation, Maria et Mathew ne perdent pas la parole, ils changent mais semblent trouver l’idée d’une éventuelle dépression d’une ringardise infinie. La comédie opère alors, se mêlant à merveille au drame.

Enfin, le dernier aspect qu’il est bon de relever est la musique. Elle est peu utilisée mais parfaitement adaptée aux situations. Elle vient rythmer les dialogues, les engager ou les conclure avec une précision qui marrie image et son pour la livraison d’une grande œuvre.

Trust Me, Amory est un flamboyant éclaireur.

Créée

le 16 oct. 2013

Modifiée

le 15 oct. 2013

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Deleuze

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