A l’annonce de l’histoire - un soldat engagé refusant de porter une arme par conviction religieuse, devenu un héros sur le front - on serait tenter de trouver l’histoire improbable, le moyen pour le réalisateur de « la passion du Christ » de traiter ses thèmes de prédilection, sur fond de croyance religieuse et de patriotisme. Sauf qu’il s’agit d’une histoire vraie, celle de Desmond Doss, premier objecteur de conscience à recevoir le médaille d’honneur, qui a sauvé 75 soldats sous les bombes (en plusieurs jours toutefois). Une histoire forte sur l’exceptionnelle force de conviction d’un homme.


Ce biopic est réalisé à l’aide de plusieurs interviews et de documentaires, un travail de recherche traduisant une volonté d’être fidèle au héros, même si ce dernier refusait cette appellation (avec une histoire sans doute un peu romancé inévitablement). Un travail de recherche auquel a également participé Andrew Garfield, qui a enlevé son costume de Spiderman pour interpréter Desmond Doss.


Difficile dès lors de reprocher à un film de parler religion quand le protagoniste est bel et bien animé d’une profonde conviction religieuse. Pour autant, je n’ai pas trouvé le message trop lourd ni trop insistant sur Dieu qui nous protège et nous veut du bien, si souvent présent et irritant dans les productions américaines. De même reprocher un patriotisme lors de cet épisode historique, où le patriotisme était effectivement bien présent dans les rangs des soldats, et où les américains pouvaient à juste titre se voir comme les sauveurs, me semble inapproprié.


Mel Gibson apporte une nouvelle dimension à cette histoire par sa maîtrise de la mise en scène. Les séquences combats sont impressionnants, des explosions de partout, un véritable enfer dans lequel des soldats bien dérisoires tentent de survivre comme ils le peuvent au travers de ce déluge de projectiles meurtriers. Là encore, on peut n’y voir qu’un choix d’opter pour le spectaculaire, ou alors une volonté de reconstituer l’enfer véritable qui s’est déroulé à cette époque là dans les îles du Pacifique, à l’image d’un « il faut sauver le soldat Ryan » sans concession sur la brutalité des combats. Une reconstitution rendue possible par la technique des boites à bombe, dispositif enterré dans le sol contenant un explosif et des débris, sans danger pour les acteurs. Ce qui permettait à ces dernier s’être très près des explosions, réelles et non rajoutés par effets numériques.


Histoire vraie étonnante et parfaitement bien mise en scène, « tu ne tueras point » a tout d’une réussite pour Mel Gibson, malgré les controverses qui lui sont associées.

Enlak
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le 28 août 2017

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