Au cinéma, Twixt était diffusé dans le cadre de "l'absurde séance". Et je comprends pourquoi ! Coppola, qui ne s'était pas attelé à la réalisation depuis quelques années, s'est fait plaisir et nous a concocté un film assez hallucinatoire. On oscille toujours entre rêve et réalité, et alors qu'on pense que l'on a cerné la frontière entre les deux (car l'esthétique du rêve -où (presque) seule la couleur rouge est teintée, le reste étant en noir et blanc- et celle de la réalité sont très distinctes, du moins c'est ce que l'on pense), on se retrouve à la fin perplexe : qu'est-ce qui s'est réellement passé ? En prenant comme personnage principal un écrivain en mal d'inspiration et en quête de rédemption, Coppola se livre à une mise en abyme du travail de celui qui crée. Dans le film il y a l'écrivain qui tire les ficelles de ses personnages, et au-dessus de lui, "sur" le film, il y a le réalisateur, le scénariste, qui tire lui aussi les ficelles de ses personnages. C'est pour ça que la fin est assez mystique et intrigante, toutes les échelles de la création semblent être confondues. Le scénario est donc assez intéressant, tout en restant plutôt abordable : on ne part pas non plus dans un délire impossible à suivre. On retrouve en fait un peu une ambiance à la Tim Burton, une ambiance onirique. Certaines scènes disposent d'une vraie ambiance, comme celles avec Edgar Allan Poe, celles avec Elle Fanning et celles avec les jeunes près du lac (la musique, les costumes, sont parfaits dans ce passage). L'esthétique est vraiment soignée et agréable, bien qu'étant assez originale voir déroutante (certains plans ressemblent à une photo mal cadrée). Ce qui déroute aussi, c'est de voir cette masse de Val Kilmer interpréter un écrivain grand public. Au vu de son physique, l'acteur ne semble pas être la personne la plus appropriée pour un tel rôle. Mais cela prend très bien et il est parfaitement convainquant (tout comme Elle Fanning, terrifiante en morte vivante ensanglantée). J'aime bien comment est amenée la fin, si on est un minium perspicace on peut s'en douter plus tôt (la scène de l'appel aux esprits ou la scène où Val Kilmer se fait assommer) mais elle n'est pas non plus "donnée", bref, ce n'est pas une fin facile. Et puis il plane toujours ce doute entre ce qui relève du vrai ou pas (mais finalement rien n'est réel, puisque l'on est au cinéma !). Enfin malgré tout ça, cela reste un "petit film" anecdotique dans la filmo de Coppola. Bref, un film très intéressant et sympathique, étonnamment peu médiatisé.