Un film pas commun

Un crimen común est un film qui mélange les genres avec délicatesse et réussite pour parler de l’état du monde à travers un personnage rongé par le sentiment de culpabilité. Poétique, social, angoissant et fort.
La vie de Cecilia (Elisa Carricajo) est plutôt confortable et sans histoire. Professeure d’économie à l’université, elle élève seule son fils au sein d’une confortable demeure. À la suite d’une décision malheureuse, Cécilia va ressentir une mystérieuse et oppressante présence autour d’elle, lui évoquant regret et tourments et qui va perturber sa routine.
Chronique sociale, drame personnel et thriller angoissant, c’est l’hétéroclite cocktail de genres que nous propose le réalisateur argentin Francisco Márquez pour accomplir un film étonnamment cohérent et maitrisé, à la tonalité singulière. La réussite tient notamment à une mise scène très maitrisée, qui utilise à bon escient le format 4:3 (rappelant celui des anciennes télévisions cathodiques). Ce format d’écran moins panoramique permet au metteur en scène de se focaliser sur ses personnages, tout en jouant subtilement avec le hors champs pour créer tensions et malaise. Ce parti pris est sublimé par la comédienne Elisa Carrcajo qui excelle à transpirer le mal-être tout en non-dits. Enfin, l’utilisation de l’éclairage à travers les fenêtres et les stores évoque les meilleurs films de Brian De Palma (notamment Pulsions, Body Double, L’Impasse), un maître en la matière quand il s’agit de transcrire le sentiment de paranoïa à l’écran. Cette forme très travaillée et au rendu suffisamment sobre pour ne jamais prendre le pas sur le récit permet de démultiplier les niveaux de lecture du film. Derrière un bouleversant drame personnel se tisse également un discours bien-vu sur les rapports de force et la violence latente entre les classes plus ou moins favorisées.