Ne vous fiez pas au titre. Le personnage principal n’est pas policier et le film ne met pas en scène un énième flic borderline qui tire sur tout ce qui bouge. Il met, au contraire, au centre de son récit un homme lambda (Henry Silva loin de ses habituels rôles de méchant sadique) ivre de vengeance après la mort de sa fille lors du braquage d’une bijouterie. Très clairement, le résultat lorgne du côté de Death wish avec ses thématiques qui évoquent celles du vigilante. Comme dans le film de Michaël Winner, le personnage est approché par des tenants d’une milice réglant ses comptes aux vilains messieurs et il ne sait pas trop s’il doit céder à leurs sirènes, faire confiance à la police ou mener lui-même sa propre vendetta. Parfois rentre-dedans dans ses propos, Umberto Lenzi parvient ici parfaitement à rendre compte des atermoiements de son personnage tout en dressant le portrait d’un flic ambigu, conscient qu’il ne répond pas aux attentes des citoyens mais partagé entre sa tentation de laisser ce père ivre de colère se faire justice et l’empêcher de commettre l’irréparable.
L’ensemble est mené avec une grande efficacité. Au-delà du rythme qui est toujours une des grandes qualités des films de son réalisateur, le discours est clairement plus complexe qu’à l’accoutumée et Henry Silva sert parfaitement celui-ci. La relation entre ce dernier et son ex-femme apporte une dimension dramatique supplémentaire qui en fait plus qu’un simple film de série. Derrière la mort de l’enfant, au-delà du désir de vengeance, le récit interroge l’évolution des relations entre des parents qui se sont aimés et qui, à travers leur douleur, même s’ils l’expriment différemment, se souviennent pourquoi ils étaient jadis tombés amoureux l’un de l’autre. Ces éléments imbriqués à l’enquête que mène le commissaire font de l’ensemble peut-être un des meilleurs titres de son réalisateur. Écrit avec subtilité, posant de vraies questions de société, ne sacrifiant rien à l’action et aux habituelles scènes du genre, le résultat est une belle réussite.
Porté par la musique inspirée de Bruno Nicolai qui est justement cette incarnation à la fois de l’action et de la mélancolie, le film fait preuve d’une belle maîtrise, tenant avec rigueur les différents thèmes qu’il souhaite aborder. Inspiré sûrement de Death wish, le film n’en est pas un faux remake comme les Italiens en ont fait des tonnes. C’est, au contraire, une variation intéressante qui pose d’autres questions. Seul point noir, la difficulté parfois de son réalisateur à rendre lisible certains éléments du scénario qui peuvent parfois déconcerter le spectateur. Rien de grave mais l’illustration que, malgré tous les efforts déployés, le film reste une série B d’exploitation.