Dans une moisson assez abondante de films israéliens, ces temps-ci, Un havre de paix se distingue du lot par son ton qui ne laisse que peu de place à l'absurde et à l'humour (il y en a mais assez peu convaincant) au contraire de la plupart des longs-métrages qu'il nous est donné de voir en provenance d'Israël).Le réalisateur joue lui-même au côté de ses deux frères, pour un portrait d'une fratrie déchirée par des choix divergents. A propos de quoi ? De la guerre, évidemment, puisque le pays, quand il n'est pas engagé dans un conflit est déjà en préparation du suivant tout en soignant les traumatismes du précédent. Rêche et contondant, le premier film de Yona Rozenkier souffre moins de l'aspect statique de son action que d'une mise en scène sans éclat et peut-être surtout d'un manque flagrant de fluidité dans son récit. Le décor symbolique du kibboutz est pourtant le lieu parfait pour discuter de courage, de lâcheté et de masculinité. Certainement qu'un regard féminin (la mère est trop peu présente) aurait donné plus de respiration et de recul au film qui reste assez obsessionnel dans ses préoccupations bien que le propos ait évidemment une portée qui dépasse les frontières du pays. D'autres cinéastes israéliens (Fox et Maoz, par exemple) ont traité des thèmes très voisins avec une profondeur, une acuité et surtout un sens de l'ironie qui font vraiment défaut à Un havre de paix.

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le 13 juin 2019

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