Mathieu Vasseur,un jeune déménageur aux grandes ambitions littéraires mais au talent très limité,est désespéré de voir tous ses manuscrits refusés par les éditeurs.Jusqu'au jour où,en débarrassant la maison d'un vieil homme qui vient de mourir,il découvre le journal intime du défunt,rédigé pendant qu'il participait à la guerre d'Algérie.C'est foutrement bon,et Mathieu a alors l'idée folle de recopier le texte et de le proposer à la publication en prétendant que c'est un roman qu'il a écrit.Non seulement ça marche,mais le livre devient un best-seller et son "auteur" une star instantanée du monde des lettres.Le gars est au paradis,il est un écrivain célèbre,il a séduit la fille de ses rêves,il a une belle bagnole,et pourtant tout va virer à l'aigre.Il a touché une avance pharaonique de sa maison d'édition pour un deuxième bouquin qu'il est incapable d'écrire,et il a claqué tout le pognon.Tout le monde lui met la pression,son éditeur qui s'inquiète de ne rien voir venir,sa banque qui n'apprécie guère qu'il soit très enfoncé dans le rouge,l'ex de sa copine qui traîne dans le coin et semble le soupçonner de quelque chose tout en essayant de reconquérir la fille,et comme si ça ne suffisait pas,un mystérieux maître-chanteur qui est au courant de son imposture lui extorque de l'argent.Ce second long-métrage réalisé par Yann Gozlan est un épatant thriller à l'ambiance hitchcockienne,et ce n'était pourtant pas gagné quand on sait qu'il l'a coécrit avec des scénaristes au pedigree douteux,à savoir Guillaume Lemans,auteur des polars flingués de Fred Cavayé,et Grégoire Vigneron,le scriptwriter attitré de Laurent Tirard.Et pourtant cette inexorable descente aux enfers tient la route,Gozlan entretenant la tension et le suspense autour de la spirale fatale entraînant vers le fond un anti-héros à la fois peu sympathique et très con.Le paradoxe entre le cadre ensoleillé et luxueux de la Côte d'Azur et la noirceur des âmes et des évènements fonctionne parfaitement,le cinéaste trouvant le tempo .....idéal pour équilibrer son récit.Ca va de plus en plus mal pour Vasseur et on se demande constamment comment il va s'extraire des situations de plus en plus tordues dans lesquelles il se fourre bêtement.Bien sûr,c'est aussi la limite d'un film où les réactions illogiques des protagonistes et les incohérences abondent,mais on est emporté par le tourbillon d'une histoire rehaussée par l'ironie d'un cynisme omniprésent.Et la narration tiendra jusqu'au bout à ce niveau de surprise et de fatalité incontournable.On pense beaucoup à "Imposture",le seul film réalisé par Patrick Bouchitey,qui exploitait le même thème de l'escroquerie littéraire,mais d'une manière plus âpre et réaliste,car ici l'atmosphère est parfois à la limite du fantastique,au point qu'on se demande à certains moments si le maître-chanteur est bien réel ou si c'est une projection de l'esprit perturbé d'un héros en proie à la culpabilité et au syndrome de l'imposteur.Pierre Niney est fabuleux en vrai-faux écrivain pas futé et contraint de réagir plus que d'agir,sa seule part de sincérité étant l'amour qu'il porte à sa copine,ce qui se comprend car il s'agit de la lumineuse Ana Girardot,objet de convoitise parfait qui ne connaîtra jamais la vérité sur l'homme qu'elle aime,condition sine qua non des sacrifices de Mathieu.André Marcon est comme toujours très juste en riche beau-père sympa,son épouse plus en retrait étant interprété par une Valeria Cavalli encore une fois transparente.Thibault Vinçon est très bien en rival tête à claques,tout comme Marc Barbé en escroc baroudeur.Les arrière-plans sont occupés par Laurent Grevill en éditeur,Eric Savin en gendarme,Ludovic Berthillot en déménageur,et les abonnés de la télé Frédéric Pellegeay,de la série "Caïn",en journaliste,et Soria Mouffakir,vue dans "Un si grand soleil",en libraire.