Splendide révélateur, par principe d'identification à la situation -solitude, ennui, lassitude-, de l'état d'esprit qui règne au sein des cinéphiles ; souvent tombés dedans quand ils étaient encore petits.
Ce n'est pas passé la trentaine que l'on apprend à s'échiner à s'esseuler pour mater de la télé ; qu'on commence à fuir et esquiver, à s'endormir puis rêver. Non. On l'apprend depuis l'adolescence ou même avant. Et vite, ça devient tacite. Ainsi naît le cinéphile !
Prenez un soupçon de "Doomer mood" , filmez-le avec de beaux plans -entendez ; de la perspective, des niveaux pour faire plaisir, du noir et blanc à faire pâlir- et vous obtiendrez un miroir magnifié du quotidien du cinéphile (contemporain, qui plus est). Doomer, ça raisonne avec Her ou Taxi Driver. Même avec Sartre à son heure, tiens.
D'où : l'effet barnum, du moins son exploitation, mais en joli. Le pathétique névrosé, à coups de détails si quotidionneux (e.g., une bassine rose avec des chaussettes qui trempent, ou un bip de micro-ondes, qu'importe !), si authentiqu-han, force l'identification. Faire "se voir dans un film", ça, c'est garanti : c'est émouvoir.