Avec Un ours dans le Jura, Franck Dubosc surprend agréablement en endossant un double rôle : devant et derrière la caméra. Il signe ici une sorte de « Coen brothers à la française », un mélange détonant de thriller rural, de comédie absurde et de chronique provinciale où l’étrangeté côtoie le quotidien.
La première heure est incontestablement la plus réussie : Dubosc y installe une ambiance singulière, presque crépusculaire, où chaque personnage semble cacher quelque chose. L’humour est bien dosé, surgissant par petites touches sans jamais casser la tension — une vraie réussite dans le registre hybride qu’il vise.
La mécanique s’enraye légèrement lorsque le personnage de Poelvoorde met la main sur l’argent et que des gangsters font irruption dans la petite ville. Le récit devient alors plus classique, un peu plus attendu, perdant une partie de son charme initial et de son audace. Rien de rédhibitoire pour autant : le film reste ludique, bien rythmé, porté par un vrai plaisir de mise en scène et des acteurs qui s’amusent.
Au final, Un ours dans le Jura est un bon moment de cinéma : imparfait mais audacieux, drôle sans tomber dans la facilité, tendu sans se prendre trop au sérieux. Une belle surprise dans la filmographie de Dubosc, qui prouve ici qu’il sait manier l’absurde comme le suspense.