Passage obligé au cinéma pour visionner Le p’tit truc en plus, l'inattendu succès d’Artus, qui n'en finit plus de faire parler de lui. Je n'attendais rien de ce film, malgré son ascension folle, mais mon ami tenait à aller le voir, et je dois dire que j'ai été agréablement surpris.
L’histoire met en scène un père et son fils qui sont des voleurs et se retrouvent malgré eux embarqués dans un refuge pour jeunes adultes en situation de handicap, l’occasion d’aborder les thématiques et enjeux sociétaux autour du sujet toujours sensible du vivre-ensemble et du handicap. Le film est drôle, mais aussi particulièrement émouvant, sans jamais tomber dans la démagogie, l’hypocrisie, ou même le voyeurisme sordide. Non, le sujet est traité avec beaucoup de nuances et d’authenticité, sans filtres, mais avec une intelligence émotionnelle surprenante.
Le film n’est pas exempt de défauts, à commencer par son casting qui n’a pas vraiment retenu mon attention. Artus, malgré toute sa bonne volonté, ne se distingue pas comme un acteur exceptionnel. Il est plutôt maladroit dans son jeu, et pas toujours juste dans ses interprétations. Heureusement, Clovis Cornillac rattrape le coup avec un rôle pas évident à porter de vieux beauf ripoux, mais qu'il conduit plutôt bien, et qui est particulièrement touchant à certains moments. Alice Belaïdi, Marc Riso et Céline Groussard ne m’ont pas du tout convaincu, bien au contraire. Je ne les ai pas trouvés très bons, et ils n'attirent pas l’empathie. L’aspect le plus surprenant vient du reste du casting, composé d’acteurs véritablement en situation de handicap. Si les performances ne sont pas incroyables, l’authenticité est bien au rendez-vous, si bien que dans les séquences d’émotion, on ne sait pas si les acteurs jouent un rôle ou vivent réellement leurs déclarations. Des moments, jamais gênants, qui nous vont droit au cœur.
Pour ce qui est du reste, la production est soignée et plutôt bien réalisée avec une histoire convenue mais efficace. L’idée de base est hautement honorable et permet de mettre à l’honneur des individus trop souvent déconsidérés. La démarche d’Artus est humble et légitime. Je trouve son travail admirable.
Pour autant, le film rencontre tout de même une certaine complaisance du public et de la critique, car techniquement parlant, ce n’est pas du grand art. Vulgairement, si les personnes en situation de handicap n’avaient pas été là, et qu’elles avaient été remplacées par une autre idée, je ne suis pas sûr que l’histoire aurait été autant encensée. Mais, car il y a un "mais" tout à fait explicite, le fait que la réussite du film se justifie principalement par la présence de ces personnes sous-représentées dans tous les domaines artistiques et culturels distingue justement l’œuvre de manière absolument pertinente et honorable.