Un prophète, c’est l’histoire d’un jeune délinquant perdu dans un univers impitoyable, seul et sans armes. Malik doit apprendre à survivre et à tracer sa route malgré les obstacles : les voyous qui s’en prennent à lui et les Corses qui l’enrôlent pour exécuter un homme. C’est là que tout commence pour lui. En échange de la protection de César Luciani, le chef des Corses, il devient son larbin. Mais chacun y trouve son compte.
Peu à peu, Malik profite du déclin de son mentor pour monter son propre réseau et faire de nouvelles rencontres, notamment celle de Ryad, qui deviendra son ami et associé. Il saisit la faiblesse des Corses pour les éliminer une bonne fois pour toutes, et gagne la confiance de ses frères musulmans. Il se construit ainsi son propre peuple et cherche à lui offrir une forme de paix.
Jacques Audiard met en scène avec une grande justesse le destin de ce jeune homme. On ressent la détresse de Malik jusqu’à son ascension, avec une intensité remarquable. Il est rare de voir un film français d’une telle force ces dernières années, mais Audiard prouve que le cinéma français n’est pas mort et qu’il peut encore produire de très bons films.
Peut-être que le seul reproche qu’on puisse faire au scénario, c’est que Malik s’en sort parfois un peu trop facilement dans les moments les plus périlleux. Mais après tout, il est le prophète, guidé, miraculé et béni par son propre destin.