Palme d'or décernée avec un discours particulièrement fort politiquement, Un simple accident suit la dynamique lancée par le festival de Cannes en dessinant une œuvre oubliable, au-delà de son regard sur le totalitarisme iranien.
Si la séquence d'introduction instaure une dynamique du traumatisme chez un ex-prisonnier politique, militant contre les abus du régime dictatorial en place, ce qui suit se réduit à un road trip particulièrement agaçant. Pour marquer le nombre de victimes, Jafar Panahi élargit progressivement le groupe d'opprimés en quête de vengeance face à l'oppresseur ; mais sans jamais être confronté à une réalité véritable du régime. Tout passe malheureusement par le souvenir traumatique, semblant frileux quant au message sur la politique actuelle n'agissant jamais et ne freinant pas réellement le groupe dans cette poursuite de réparation. Les protagonistes semblent ainsi contenus dans une écriture en spirale, qui ne peut être sauvée par un casting trop criard et une réalisation particulièrement fainéante.
Ce n'est que le final qui rattrapera le tout, lors d'un interrogatoire aux yeux bandés, symbole d'un régime continuant de fermer les yeux sur des crimes répressifs commis de façon innommable. Torture psychologique, physique et même abus sexuels exploseront verbalement pour hanter le spectateur au même titre que les protagonistes, libérés de ce poids. Enfin, peut-on parler de véritable libération tandis que même vengé, il sera impossible de ne plus entendre jusqu'à l'angoisse ce grincement de prothèse inoubliable. Peut-on parler de libération tandis que l'idéologie dictatoriale presque sectaire continue de vivre au mépris des droits de l'Homme ? Ce n'est que dans cette séquence de presque 30 minutes où mon estomac se noue de dégoût face à cette vérité effroyable, là où le reste du temps, le réalisateur se place dans une retenue bien trop importante pour attaquer frontalement le régime et bouleverser pleinement son spectateur.
Heureusement que ce qui ne devait être que Un simple accident prend en ampleur politique et cathartique dans son final, car le road trip en tant que tel est trop superficiel pour choquer à la hauteur des événements relatés. Le sentiment d'incomplétion face à cette œuvre résonne alors autant que le final, volontairement décomplexé et choquant pour marteler l'ineffable subi par les prisonniers politiques sous la dictature.