Je dois bien vous avouer que je suis un peu déçu à la sortie de ce film. Non pas que j’en attendais monts et merveilles, mais au vu de sa réputation, et des différents échos que j’ai pu en avoir, la salive m’était quelque peu montée aux babines.
Bien entendu, je ne dis pas qu’Un singe en hiver est un mauvais film, loin de moi d’émettre un pareil avis, mais il m’a laissé sur ma faim, et je déteste avoir le vendre vide. Gentil tout plein, je l’ai trouvé, pour résumer. Tout compte fait, un peu la même sensation qu’avec Le clan des Siciliens …

L’action prend place dans un petit village normand, où le couple Quentin tient un petit hôtel, ancien soldat et grand buveur, mais après avoir survécu à un bombardement des alliés sur sa ville celui-ci a une promesse à tenir, ne plus jamais boire (oui vous savez en grand danger on fait souvent de grandes déclarations qu’on regrette ensuite). Mais cette situation va devenir dure à tenir, quand un lien d’amitié se tisse avec un jeune homme attachant, quelque peu brisé et un peu porté sur la bouteille démarque en ville…

Non, contrairement à ce qu’on pourrait penser en ne connaissant pas le film, ce n’est pas un film sur les ivrognes ! Un film potache et minable comme on aurait pu réaliser actuellement avec un tel sujet.
Un Singe en Hiver est un film plutôt triste, mélancolique, avec cette rencontre de deux hommes en apparence très différents, mais si complémentaires, et à la destinée opposée.
Entre d’un côté notre bon Albert Quentin qui ressassait ses aventures passées, et qui ne seront plus à son grand damne. Un homme qui vivait dans la nostalgie, puis dans l'ennui, la morosité, sans vitalité jusqu'à cette rencontre. Et de l’autre, notre jeune Gabriel Fouquet, énergique, qui lui a encore toute la vie devant soi pour vivre milles tribulations.
C’est sans doute cet élément-là qui m’a le plus touché dans le film. Ou comment, à travers une comédie en apparence plutôt drôle, ou qui veut l’être, avoir un fond assez cafardeux, mais qui reste plein de vie. Ainsi cette difficile séparation entre deux êtres qui ont sans doute vécu un des meilleurs moments de leur existence, plein de vie, d’insouciance, de liberté est un des passages les plus touchants du film.
Bien entendu, un Singe en Hiver parle aussi d’alcool. La bouteille, tantôt instrument de l’oubli, tantôt une marche vers ses rêves. Verneuil renvoi aussi dans les cordes ceux qui diabolisent le buveur, et nous dit « allez buvez voyez comme cela peut procurer de bons moments de camaraderie, rendre « heureux » » ! Je l’ai un peu ressenti comme ça, et si c’est le cas, c’est un peu osé, surtout pour l’époque à laquelle le film est sorti.

Comme chacun s’en doute, le film s’inscrit aussi très clairement dans un registre comique. En même temps, avec Michel Audiard aux dialogues, on pouvait si attendre, lui qui avait aussi travaillé sur le burlesque Les Tontons flingueurs réalisé par Georges Lautner. Pourtant, malgré quelques petites saillies bien sorties, quelques répliques qui font mouches, j’ai tout de même eu du mal à rentrer dans le film et son humour que l’on m’avait tant vanté. Je ne dirais donc pas que le film est « drôle », mais seulement que ses dialogues sont bien écrits, provocants parfois des sourires mais jamais d'éclats de rire La déception serait donc sans doute due à mon attente injustifiée de ce côté-là ?

Répliques qui d’ailleurs sortent de la bouche de deux des plus grands acteurs du cinéma français, Jean Gabin et Jean Paul Belmondo. Et autant l’avouer, je suis même prêt à recevoir des pierres ou autres projectiles de votre convenance, mais je n’aime pas particulièrement ces deux acteurs en règle générale. Bien que si je doive choisir entre les deux, je me porterais plus vers Gabi (oui c’est son petit surnom). Pour ce qui est de leur prestation dans le film, autant le jeune Belmondo m’a laissé plutôt indifférent, oui oui désolé, autant j’ai beaucoup plus accroché à la prestation du vieux Gabin, cabotant tout le long du film, ne faisant pas son âge, en incarnant de la plus belle des manières cet attachant hôtelier.
Néanmoins, les seconds rôles ne sont pas oubliés, et certains valent vraiment le détour de par leur cocasserie. On pense bien tous à cette vieille mégère anglophone et à ce marchand bout en train ?

Mais malheureusement, j’ai trouvé le film trop décousu, parfois trop long, ce qui casse un peu l’enthousiasme général et l’immersion dans le film. De même, je suis plutôt septique envers la réalisation (au contraire de l’aspect sonore très plaisant), que j’ai trouvé très classique, mais vous me direz, dans ce type de film ce n’est pas l’élément le plus important.


En somme, une comédie sympathique, à la fois « drôle » et triste.


PS : En écrivant ma critique une envie soudaine de pousser la note à 7 me vient, vais-je céder ?

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