Déjà je vais commencer par dire que Andrew Garfield est crédible et c'est déjà un bel exploit, voila c'est fait pour la partie facile.


Maintenant parler du film, je sais déjà que je vais en chier et que ça va pas être clair du tout... Tout d'abord c'est un film patchwork, difficile d'évoquer ce film sans parler de ses influences, et quand je dis influences je devrai dire citations, le film en est truffé (presque trop ? J'y reviendrai). La plus évidente d'abord, Hitchcock, du plus flagrant (son nom écrit en gros au milieu de l'écran), au clin d’œil à fenêtre sur cour, en passant par les hommages à Vertigo ou les citations sonores des oiseaux (à peu près sur qu'il y a des un samples du film). Ensuite tous les effets de caméra possibles et imaginables y passent, du fameux "vertigo effect", aux plans rapprochés au grand angle, des travelling fou et puis des trucs débiles comme la double bonette ou la snorricam, ce film pourrait surement prétendre au titre du film utilisant le plus d'effets de caméra.


Ensuite les ambiances et la ville de Los Angeles, difficile de ne pas penser à Mulholland Drive, surtout avec les thématiques, l'ambiance de mystère et le coté irréel mais ça n'est pas non plus une redite, c'est tellement assumé que Patrick Fischler s'invite au casting. On pense aussi forcément à Inhérent Vice et son anti-héros paumé qui enquête sur la disparition d'un milliardaire, le coté loufoque et déluré, les filles en bikini, les starlettes et la drogue . On pourrait continuer longtemps tellement les inspirations sont nombreuses.


Vous devez commencer à vous dire à ce stade que ça pourrait être un poil lourd, on sature pas trop de tous ces pastiches et autres copillages ? Attendez on en est qu'au début. Pas mécontent de piocher un peu partout pour sa réalisation, David Robert Mitchell se fait plaisir sur les "easter eggs" façon "Ready player one" plus ou moins bien planqués. T-shirt, collectibles, poster de films, Zelda, Creature from the black lake, Mario en vrai il serait impossible de les citer de mémoire tellement il y en a, (le réalisateur va même jusqu'à insérer des passages de son premier court métrage).


Au final tout dans ce film est un hommage, une citation, un easter egg, une référence, une imitation, à ce point c'est du jamais vu, même le pitch est probablement un vulgaire copié collé de plein d'autres films. Alors que reste-t-il au film au final ? Au final peut être pas grand chose, le film manque cruellement d'enjeux, il pose beaucoup de questions et y répond peu, il n'a rien de vraiment fascinant dans sa réalisation, son ambiance ou son esthétique même si les trois ne peuvent pas vraiment être critiqués. On est loin des niveaux de tension d'un Hitchcock ou d'un Lynch, tout comme dans Inhérent Vice on ne sait pas trop où on va mais sans le brio de PTA, on est clairement plus proche du film de genre un peu pop que du film d'auteur mais à aucun moment le film ne semble prétendre vouloir imiter ses modèles, et pourtant...


Alors qu'est-ce que c'est ce film ? Pourquoi je n'ai pas arrêté d'y penser depuis la fin de la projection alors même qu'il a tout ce qu'il faut pour mériter cette agaçante étiquette facile de la "coquille vide". Pourquoi ce film qui fait tout pour être cool, réussi l'exploit de l'être là où tous les autres films de ce genre se vautrent dans le trop plein et le manque de personnalité.


Déjà si ce film est un patchwork il est sacrément bien ficelé, toujours sur le fil, toujours dans la surenchère mais paradoxalement sans en faire trop c'est tout de même un sacré tour de force, mais probablement certains auront vite fait de se fâcher avec un film qui pourrait avoir l'air de les prendre pour des jambons.
Mais pour moi ce n'est pas encore ça, le film est un puzzle, une grosse partie du scénario tourne d'ailleurs autour de ces puzzles à tel point que ça ne peut pas être un hasard, y a-t-il un sens caché ? Ces messages codés (c'est pas une métaphore, il y a des messages codés planqués dans le film pour une raison que j'ignore) ces doubles sens cachés, ces énigmes, ces éléments parsemés un peu partout comme un jeu de piste, des bribes de scénario qui se laissent entrevoir et sont laissés à l'interprétation du spectateur, et L.A. en labyrinthe et si au final tout ça n'était pas juste une vaste blague comme une couche supplémentaire au mille feuille du non sens. Tout ça n'est finalement qu'un jeu, tout le film n'est peut être qu'un prétexte pour se débarrasser une bonne fois pour toute de ses influences, un défouloir sacrément bien foutu où le réalisateur montre qu'il en a sous la casquette et que tout ça ne demande qu'à sortir, c'est assumé sous les traits d'un film de seconde zone façon pulp et midnight movie et c'est probablement ce qui fait que ça fonctionne (pas pour tout le monde très certainement mais tout de même) il réussi là où à mon sens "Ready player one" a échoué lamentablement.


Bref, j'ai probablement pas dit la moitié de ce qu'il y a à dire sur ce film, je n'ai pas évoqué l'imagerie pub omniprésente, je n'ai pas parlé de la palanqué de personnages du plus mystérieux au plus burlesque et surtout je m'en voudrai de ne pas au moins glisser un mot sur la BO jouissive. Et puis il y a tout ce que je n'ai pas (encore) vu.
Alors allez voir ce film, c'est un peu long, il a ses défauts (encore qu'il est difficile de lui reprocher les erreurs qu'il semble faire volontairement) vous serez peut-être déçus mais surement pas indifférents.

Cyklotimik
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le 27 août 2018

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Cyklotimik

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