A peine sorti, Under the Silver Lake est déjà un de mes films préféré et fait parti de ceux qui m'auront le plus marqué et fait réfléchir.


Under the Silver Lake est l'enfant de Mulholland Drive, Southland Tales, Inherent Vice, Chinatown, L.A. Confidential, Vertigo, Rear Window, Sunset Boulevard et Blow Up. Tout en créant son propre univers et ses propres codes.


Voilà pour mon avis! Développer n'aurait que peu d'intérêt tant mon ressenti et personnel et intraduisible. Je vous propose donc mon analyse du film, avec spoilers. J'ai écrit la majorité de cette critique entre 1h et 3h du matin et en "freestyle" donc pardonnez la confusion de certains passages, j'ai essayer de rendre ça le plus lisible possible.


Après plusieurs heures de réflexions, et plus d'une semaine et demi après ma séance: mon analyse, work in progress donc vouée a être modifiée, d'Under the Silver Lake.


L'ouverture:


Le film s'ouvre sur 5 images subliminales correspondant a des codes expliqués en partie plus tard dans le film. Notre premier contact, en tant que spectateur au film est donc le mystère et les secrets, placés antérieurement au premier plan du film, une vitre vu de l'intérieur sur laquelle on lit "Beware the Dog Killer". Les mystères existent donc littéralement avant le film et en quelques secondes, les principaux thèmes sont introduits. Le mystère donc mais également la double identité (de Sam?) car on lit le message à l'envers puisque vu de l'intérieur ; la rupture douloureuse et le passage à l'âge adulte car la musique jouée pendant cette scène est "Never my Love" de The Association. Dans cette chanson, le chanteur rassure "son amour" en lui disant qu'il ne se passera jamais d'elle, qu'il fera tout pour elle et que sa vie dépend d'elle, d'ou le Never my Love constamment répété. Je vois deux interprétations, la plus claire semblerait être que Sam, ici a la place de "my love", serait terrorisé à l'idée de se faire quitter, or on apprend que c'est un vrai traumatisme chez lui dans la scène de l'interrogatoire du "Hobo King". Mais si on place Sam a la position du chanteur, il ne me semble pas idiot de comparer la chanson (en partie) a la relation qu'il entretient avec sa mère. Elle l'appelle constamment, s'inquiète pour lui et ne peut se passer de lui. Sam se montre d'ailleurs toujours d'une gentillesse irréprochable au téléphone même dans les pires moments. A noter que cette relation trouve un écho assez troublant dans la dernière scène du film puisque Sam se tape sa voisine d'un certain âge. Par ailleurs, la chanson commence de façon extra diégétique (seul le spectateur l'entend) pour finir diffusé dans tout le magasin, de façon diégétique (elle existe dans le film), soulignant le basculement entre fantasme et réalité une nouvelle fois.


La violence, une essence essentielle:


Le sang, présent lors des accès de violences des personnages démontre la confrontation impossible entre le fantasme nostalgique de Sam et la dureté du monde extérieur. Le sang est présent lors de morts, mais ses morts sont toujours sous le prisme du fantasme (sauf pour l'écrivain mais on voit du sang, peut être pas la sien et peut être du sang que Sam imagine)


Le sang représente la confrontation entre Sam et son monde extérieur, néanmoins au fur et a mesure, la violence évolue de simple bêtise primitive a délivrance et affranchissemant ; on commence par des animaux morts qui renvoient frontalement a la possible double identité de Sam, celle du Dog Killer puis par des accès de violences cathartiquent comme pour le compositeur qui libère de la nostalgie ou la mort de la fille du milliardaire qui le fait symboliquement sortir de l'adolescence dans laquelle il s'est enfermé. La violence accompagne Sam tout au long du film mais aussi bien pour le pire que pour le meilleur, de la plus puéril des façons, lorsqu'il défonce le gamin qui jette des oeufs sur sa voiture, jusqu'à la délivrance des meurtres symboliques à répétitions.


Codes, complots, secrets:


Le film, à travers ses personnages, indique sans cesse que cela est inutile de chercher des codes et significations au monde qui nous entoure. Néanmoins, Sam trouve toujours les réponses a ses questions, quitte à être déçu mais il trouve constamment ce qu'il cherche. Le "Stay Quiet" est le seul élément tangible qui raccroche les fantasmes de codes secrets et de complots de Sam au monde réel (la scène finale avec le propriétaire de la résidence ainsi que les policiers qui traitent l'écrivain de "weirdo"). David Robert Mitchell ne donne pour seule preuve a ce monde de complots et de mystère que ce "Stay Quiet". Le message codé dans le générique est sûrement lié au "Stay Quiet". A noter que dans ce générique se trouvent des signes du Hobo Code, probablement tout ceux visibles dans le film, mais n'ayant pas encore le Blu-Ray (j'écris ces lignes 1 semaine après la sortie du film en salle) je ne peux bénéficier de toutes les images. Par ailleurs, une page entière du dossier de presse concerne ce fameux Hobo Code et il se pourrait qu'elle recense justement les signes présent dans le générique (et le film par extension) ; mais c'en est de l'ordre de la spéculation.


La mort de la nostalgie:


Le rapport aux effets spéciaux est important a deux reprises: la scène du compositeur et la mort de la fille du milliardaire. Lors de la scène du compositeur, Sam rentre dans un Matte Painting très grossier, afin d'appuyer la fausseté et la grossièreté de cette industrie. A noter que Sam rentre littéralement dans une image a ce moment (le Matte Painting est un décor dessiné). Cela permet d'englober Sam dans cette vérité, de l'enfermer puisqu'il ne peut pas y échapper (pour mieux s'en affranchir). Arrivé face au compositeur qui délivre son discours très explicite. Son maquillage (un jeune acteur déguisé en vieillard) est très réaliste mais trop grossier (visage disproportionné et rides trop nombreux et apparents). Son côté réaliste permet de montrer la véracité du propos et sa grossièreté le fait que Sam comme le spectateur (d'ailleurs la caméra place ce dernier directement face au compositeur) le fait qu'on ne se soit rendu compte de rien, malgré l'évidence de cette manipulation qui dure depuis toujours.


Lorsque Sam lui explose la tête, il le fait avec la guitare de Kurt Cobain, il attaque donc le compositeur avec le pop culture, soit tout ce qu'il possède. Or il brise la guitare comme il brise la tête du compositeur. Il s'affranchit donc de la prison de pop culture dans laquelle il est enfermé depuis toujours ET du système capitaliste et consanguin que représente le compositeur. Cette scène critique ouvertement le capitalisme et l'industrie musicale qui se répètent encore et encore pour abreuver des générations de soumis a la nostalgie. La tête de ce dernier s'apparente d'ailleurs plus a une piñata plutôt qu'à une vrai tête, soulignant la fausseté de ce que représente le compositeur et son artificialité.


Le passage à l'âge adulte:


Lors de la mort de la fille du milliardaire, elle est seule avec Sam dans le réservoir de Silver Lake (le coeur du quartier donc). Alors qu'elle transmet un message a Sam (le bracelet), elle se fait tirer dessus sans voir le tireur et meurt en reproduisant la couverture du premier Playboy de Sam (sur lequel il se masturbe). Le sang relie le choc entre le passé (la couverture de Playboy) et la réalité du monde extérieur et de sa violence. Un autre choc des mondes qui affranchit à nouveau Sam, cette fois de son adolescence dont il sort enfin. La scène a probablement été filmé avec des effets spéciaux numériques, pour les balles mais aussi (je pense) afin de confondre les visages de la fille du milliardaire et de la fille sur la couverture de Playboy (par montage ou superposition de visages numériques). Cela renvoie également au jeu de double identité que représente les personnages avec des acteurs, des personnages et des rôles, Sam et Vertigo/Rear Window, Sarah et Marilyn Monroe, les actrices/prostituées et ici, la mort de l'adolescence qui se métamorphose au cours de sa mort en l'âge adulte.


Rupture difficile:


C'est également un film sur la rupture en lequel la scène de l'interrogatoire de Sam par le "Hobo King" est la pièce maîtresse (Après tout, Sam ne serait il pas lui même le Hobo King?). Il y est explicité deux choses: Sam porte constamment des biscuits pour chiens sur lui ; depuis une rupture difficile d'une copine possédant un chien. Il reconnaît donc Sarah dans ce portrait d'Ex regretté ce qui justifie sa poursuite inlassable. Mais cela sous entend également qu'il serait le Dog Killer, par jalousie, il tuerait des chiens jusqu'à trouver la femme parfaite, une qui ressemblerait a son Ex perdue (comme dans Vertigo d'Hitchcock).


Cela rejoindrait son incapacité a avancer dans la vie, sentimentale ici (avec la nostalgie et le passage à l'age adulte).


Le parcours sexuel de Sam:


Je ne savais pas comment aborder le traitement du sexe dans Under the Silver Lake jusque ici mais c'est en lisant la critique de Maël Foucaud (que je vous invite a aller lire) que j'ai trouvé un axe satisfaisant pour développer, donc merci a lui et big up!


Dès le debut du film, Sam couche avec l'actrice, une femme avec qui il a souvent des rapports sexuels mais auquel il voue un désintérêt complet.


Il observe Sarah, sa voisine. Avec des jumelles, il l'a convoite sexuellement mais également parce que Sarah (et avoir un rapport sexuel avec elle) représente la créativité et l'inspiration dont manque Sam. Il veut trouver un renouveau créatif en ayant un rapport sexuel avec elle.


Puis il rencontre des actrices prostituées, symbole de leurs carrières qui multiplient les projets sans intérêts et banals qui se répètent.


Vient la scène ou la prostitué au ballon propose a Sam de coucher avec elle lorsque qu'ils sont ivres. C'est une représentation des sirènes d'Hollywood qui tente de faire rentrer les nouveaux venus (Sam) dans un moule et des projets impersonnel. C'est un parallèle avec David Robert Mitchell après le succès d'It Follows, son précédent film, acclamé par tous.
Mais Sam et la prostitué au ballons ne couchent pas ensemble, malgré l'envie de Sam. On remarque que c'est la prostitué qui l'en empêche. Cela signifierait que des alliés de "la créativité" (elle protège Sam d'un danger en faisant cela) existe à Hollywood et que si elle est menacée par une force supérieure (les hautes sphères de Los Angeles qui représente les grand studios et producteurs, peut être ennemis de cette créativité), elle existe toujours et doit survivre.


Concernant la fin, Sam découvre ce qui est arrivée a Sarah mais est déçu par cette vérité et par le fait qu'il ne peut pas avoir de rapport sexuel avec elle. Cela montre qu'il n'a pas trouvé l'inspiration qu'il recherchait dans sa quête pour trouver Sarah.


Mais lors de la scène finale, il se tape sa vielle voisine. Cette voisine qui détient un secret (son perroquet répète quelque chose que personne n'arrive a déchifrer), elle passe ses journées nues, complètement hors des standards et surtout, elle est très âgée. Probablement un signe que Los Angeles rend fou mais aussi que cette folie donne de la créativité. Et son âge témoignerais de son expérience, d'autant qu'elle ne parle jamais, donc seul ses caractéristiques visuelles la définissent. Le but selon moi n'est pas de dire qu'en gros "c'est dans les vieux pots qu'on(...)" mais plutôt de dire: recherchez cette expérience et apropriez la vous pour créer des choses nouvelles.


Dans Under the Silver Lake, le sexe est donc le symbole d'une créativité et d'une inspiration qui se perd mais qui continue d'exister et qui doit être le but de chaque créateur (c'est pour cela que le film mêle cinéma, jeux vidéos, musique et autres arts). A la manière de ce film, il faut puiser dans l'ancien pour s'en approprier la sève et créer du jamais vu, des choses complètement nouvelles et inédites.


Bath/Pool/Lake:


Dans le prolongement du thème de l'adolescence et du sexe, deux thèmes chères a David Robert Mitchell, on retrouve au long d'Under the Silver Lake une fascination, comme toujours chez le bonhomme, pour les piscines et l'eau. J'ai noté que des "espaces aquatiques" n'apparaissent que lorsque Sam est accompagné d'une personne qu'il est susceptible de se taper mais qu'il n'y arrive pas. Prenons la baignoire de son appartement. Sam apparaît lors d'une seule scène dans sa baignoire, il est accompagné de "l'actrice" avec qui on apprend qu'il fait l'amour régulièrement. Ce personnage apparaît deux fois, au début lorsque elle couche avec Sam puis plus tard, lorsqu'il prend un bain après s'être fait asperger par un putois. Ici, Sam se montre très distant avec l'actrice, elle s'occupe de lui quasi maternellement tandis qu'il déballe des theories fantasmées. Il se parle bien plus a lui même qu'il ne parle a l'actrice. Et cette dernière finit repoussé par son odeur, malgré son affection pour lui.


Vient ensuite la fameuse reproduction, fantasmé a nouveau, de Marilyn par Sarah dans la piscine du logement. Ici le symbole est explicite, Sam est frustré sexuellement car il a perdu la femme avec laquelle il a failli faire l'amour le jour précédent, il est invité a venir nager mais Sarah se révèle n'être que le fruit de son imagination. Cela peut également ce voir comme la frustration globale de ne pas réussir a atteindre le but de sa quête, ce qui pencherait vers la vision du réalisateur, la plus légitime donc.


Un autre? Lorsque Sam est en compagnie de "le femme aux ballons", il l'aperçoit une première fois au bord d'une piscine, alors qu'elle fait une performance. Sam est intrigué mais ne connaît pas cette femme et il se méfie d'elle, il ne peux donc pas avoir de rapports sexuels avec elle. Lors de sa deuxième apparition, elle lui propose ouvertement de coucher avec elle, objectif réussi donc mais il finit par tomber dans les pommes. Lors de sa troisième apparition, lors d'une fête, il lui fait un signe, qu'elle voit mais auquel elle ne répond pas. Les deux sont chacun d'un côté de la piscine, comme si une force mystérieuse les empêchait de se rapprocher.


Enfin, la scène du réservoir de Silver Lake. Dans cette scène se confondent la frustration qui caractérise le personnage de Sam et ses pulsions adolescentes puisqu'il pense être attiré, nu, dans ce réservoir avec la fille du milliardaire afin de pratiquer des choses avec elle, pour se rendre compte qu'elle veut en vérité lui donner un indice, avant de se faire tuer.


Ce parallèle entre frustration sexuelle et quant a sa quête se retrouve également lors de la filature puisque les trois jeunes filles échappent a Sam alors qu'il se trouve seul au beau milieu d'un lac.


The "Dog Killer":


Un "détail" qui semble avoir assez peu retenu l'attention de la plupart qui me semble essentiel est le fait que les femmes se montrant perturbantes, menaçantes ou agressives envers Sam sont filmés en train de lui aboyer dessus. La façon dont sont filmés ces scènes (plans subjectifs et volontairement irréels) témoignent de leur nature imaginaire et dévoilent un véritable traumatisme chez Sam. Si vous êtes critique au Huffington Post vous voyez sûrement cela comme du sexisme puisque David Robert Mitchell compare des femmes a des chiens. Sauf que de mon point de vue, il faut voir cela comme une transposition de la réalité vu par Sam. Et si ces chiens disparus ou morts se révélaient être des femmes? Et ce "Dog Killer" était en réalité un tueur de femme? Et si c'était Sam? Oui, c'est facile, voir tiré par les cheveux mais sachant qu'on a que le point de vue de Sam, peut on vraiment le croire? Cette théorie est très abstraite mais me paraît loin d'être impossible. Elle colle avec la recherche d'idéal (explicité) du personnage et colle a différent thèmes, la double identité (Dog Killer mais aussi nouveau comparatif avec le James Stewart de "Vertigo"), la perception et le fantasme.


Los Angeles/Hollywood/Silver Lake:


Sachez une chose, je ne sais pas pour son réalisateur mais pour moi il est clair qu'Under the Silver Lake est un film prétentieux. Et chez moi, faire un film prétentieux n'est certainement pas un défaut car prétentieux rime avec ambitieux. Ce qui rend Under the Silver Lake prétentieux, c'est le traitement de ses ancêtres. Prenez la scène du cimetière des réalisateurs et de la crypte des personnes célèbres. Elles sont bafoués, irespectées par les acteurs et les membres de l'industrie. Je dirais même que cette industrie vampirise les cadavres de réalisateurs morts, Hitchcock en tête, et je fais bien référence au groupe fantomatique qui traverse tout le film avec sa chanson "Turning Teeth", Jesus and the brides of Dracula, symbole de cette rencontre entre le sacré (Jesus) et cette appropriation morbide de la culture (Brides of Dracula). L'imagerie et le symbole est très clair et souligné par le justificatif du nom du groupe, "les vampires sont trop utilisés mais ça nous convenaît mieux". Dans Under the Silver Lake, l'industrie cinématographique se définit par rapport a ses fantômes. Comme dans la réalité, lisez les critiques de ce film, vous verrez passer des comparaisons a Lynch, Hitchcock, Kelly et P.T.A. L'industrie se définit selon son passé. Et David Robert Mitchell nous en livre la preuve sur un plateau. Néanmoins, il ne plaint pas réellement les pillages de tombes que subissent ses spectres hollywoodiens. Au contraire, il rit d'eux, allant jusqu'à les démystifier. Sam n'est il pas qu'un James Stewart Hitchcockien (encore lui) en plus loser et puéril? Sarah, une Marilyn plus perdue encore que l'originale, tant lors de mises en scène (la scène de la piscine) que dans ses choix? David Robert Mitchell rit derrière son scénario, rit derrière sa caméra, il détruit le système hollywoodien de l'intérieur et s'en prend a tout le monde. Y compris a lui même. Lors de la scène du Drive-in, Sam assiste a une projection de The Myth of the American Sleepover en compagnie des actrices du films. Ce film est le premier de David Robert Mitchell, film acclamé par la critique mais dont tout les acteurs sombrent aujourd'hui dans l'anonymat. En les faisant revenir comme des prostitués aux rêves brisées, DRM se rejette la faute, il s'utilise comme propre exemple du "pilote de série ratée" de Pulp Fiction, au sein même de sa propre fiction. C'est probablement la scène la plus terre à terre du film, et une des plus lourdes de sens, qui en dit long sur le rêve Hollywoodien qui flotte dans l'air de Los Angeles.


Strange Currencies:


C'est par cette chanson de R.E.M. que se termine le film. Elle parle d'un homme perdu dans ses sentiments, qui s'interroge sur le mal que lui crée sa copine tout en se demandent ce qu'elle représente pour lui. Elle parle aussi d'un fantasme amoureux qu'il veut voit se réaliser quitte a passer par tout les obstacles "I tripped and fell, did I fall?", mais aussi d'une sorte de perversion "What I want you to feel, I want to feel it now" et d'un désir d'exaucer ce fantasme, de le rendre réel, littéralement "To make it real". "Strange Currencies" est une sorte de miroir de "Never my Love", la chanson d'ouverture. Sam est ici un amoureux transi et soumis a son idylle, une idylle fantasmé qu'il veut rendre réel. C'est la base de la quête de Sam, son amour. Pour une fille, pour la pop-culture, pour la musique, les films, les actrices et la ville, son quartier. SAUF QUE après lecture du dossier de presse du film, ce point de vue est un peu chamboulé puisque de l'aveu même du réalisateur, Sam "n'aime pas" Sarah, il aime le mystère que sa recherche lui apporte. En soit rien de chamboulant, l'idéal recherché décrit dans la chanson serait donc la soif de mystère plutôt qu'une vie avec Sarah. Sarah est donc une transposition du fantasme de codes et secrets qui stimulent Sam. Sam serait donc attristé par l'ultime vérité qu'il découvre plus par frustration que par amour pur.


Et, en lien avec l'importance des codes dans le film, les Strange Currencies (devises étranges) représentent d'après le groupe lui-même "la façon dont les gens usent des mots pour convaincre d'autres gens qu'ils sont les seuls et uniques a compter pour eux". Comme Sam se convainc peut être de tout les signes qu'il voit et suit durant son odyssée. Des signes pourtants bien vrais (?). D'une certaine manière, David Robert Mitchell ne pouvait trouver meilleure chanson pour conclure son film.


Reste a savoir pourquoi la femme pleure. Ou que dit le perroquet de la voisine? Et y-a-t'il un sens au fait que Sam se soit fait aspergé par un putois?


Au fond, doit on suivre les signes? Y a t'il des secrets à découvrir? Il y a t'il seulement des signes?


Ce sont les seules questions qui me restent sans réponses.


Parce que David Robert Mitchell veut que toi et toi seul ai les réponses.

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le 24 août 2018

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