Le début m’a fait un peu peur. Pas dans le bon sens. Après une intro réussie - belle et sombre en même temps- qui fait forcément penser à du Kubrick, on se retrouve enfermé dans l’habitacle d’un camion conduit par Scarlett Johansson, qui sillonne les rues de Glascow pour pécho du keum.
Dit comme ça, ça peut paraitre chouette (c’est mieux que d’être enfermé dans les toilettes avec Patrick Sébastien ou dans une cabine de douche avec Maïté me direz-vous) mais ces séquences refusent le moindre artifice et s’étirent un peu trop pour qu’on n’ait pas envie de décrocher (la photo est crade et fait amateur, les rues écossaises et ses autochtones ne sont pas vraiment mis en valeur, Scarlett est sapée tellement vulgaire qu’elle le devient aussi). Ça commencait à sentir un peu trop le film d’auteur qui veut nous faire comprendre qu’il a réalisé bien plus qu’un simple film de cinéma. Et puis sans m'y attendre, je me suis pris une baffe. Du genre qui voulait me dire «t’endors pas, je suis en train de te montrer un truc là !»
J’ai vraiment compris l’insensibilité de l’extra-terrestre interprété par Scarlett lorsqu’il assiste, sans réaction à un drame qui se joue sur une plage. Cette scène m’a fait froid dans le dos et m’a obligé à me sentir impliqué. Et à partir de là, toute l’atmosphère anxiogène distillée depuis le début par Jonathan Glazer a sérieusement commencé à faire son effet et je me suis rendu compte que j’étais pas loin d’être hypnotisé par ce que je voyais. Et le film est devenu une sorte de trip sensoriel (le travail sur la musique y contribue grandement), régulièrement ponctuée par des scènes visuellement fascinantes : celle où les hommes sont aspirés, celle où l’on découvre ce qu’il y a sous la peau de Laura, celles où le flippant motard apparaît…
Bon après, même si le film adopte (un peu) les allures d’un thriller plus classique et qu’il y a une vrai conclusion (de toute beauté en plus), je suis bien conscient que le rythme et la radicalité du film font qu’il s’adresse à un public averti. Ça plaira pas à tout le monde et il faut considérer Under the skin autant comme une expérience esthétique que comme un divertissement SF. Pour faire une comparaison, je dirais que c'est un peu ce qu'était Le guerrier silencieux de Nicolas Winding Refn par rapport aux films de vikings : ceux qui y vont pour voir un blockbuster avec une star dans le rôle titre vont pas vraiment apprécier.
Si par contre, vous recherchez des sensations un peu originales, n’hésitez pas !
trevorReznik
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le 30 juin 2014

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