Les rescapés d'une équipe scientifique de forage se retrouvent pris au piège, après l'accident de leur base sous-marine. Isolés, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour faire face aux terribles menaces de la nature. Une nature qui n'a jamais été aussi folle...
S'il est un film à classer dans le registre des excellentes - et inattendues - surprises, Underwater est indéniablement de ceux-là. A réserver quasi-exclusivement aux fans de Lovecraft, certes (même si je n'en suis pourtant pas), mais vraiment réussi.
Voilà une série B qui a conscience de l'être, et n'essaye jamais d'être autre chose... C'est bien ce qui donne à William Eubank une liberté illimitée pour faire passer tout ce qu'il veut sans qu'on puisse jamais crier au scandale, si on a un tant soit peu compris la politique du film. Véritable petit éden cinéphilique, un peu bis mais jamais kitsch, toujours très référencé, Underwater surprend par sa capacité à jouer avec un très riche héritage sans jamais basculer dans la redite.
Son seul défaut est peut-être de multiplier les clichés, souvent de manière volontaire donc jouissive (spoil : c'est le Noir qui meurt en premier...), mais parfois de manière involontaire et donc moins maîtrisée. Par exemple, quand tout-à-coup, le ton du film devient très sérieux pour nous sortir le dialogue bas-de-gamme et si prévisible sur l'océan qui prend sa revanche sur l'homme.
Au rang des autres défauts, mineurs, on pourra également citer la musique comme toujours insipide de Marco Beltrami, ainsi qu'une étrange voix off sortie de nulle part, et qui viendrait presque tout casser si le reste du film n'était aussi captivant.
Sinon, Kristen Stewart est excellente dans son rôle et le reste du casting suit bien. D'aucuns pourront regretter que les personnages ne soient pas présentés, et que le film démarre immédiatement pour ne pas s'arrêter avant la dernière minute. Pourtant, cela a le double avantage de nous épargner le pourtant inévitable (ou du moins, je le croyais) pathos lié à des personnages qu'on ne sait comment rendre intéressants, et de poser dès l'introduction le ton du film. Introduire les personnages en les montrant réagir face à une catastrophe inattendue est sans nul doute la meilleure manière de commencer un bon film d'action.
Du côté de la photographie, elle est signée Bojan Bazelli : c'est dire combien, malgré des scènes d'action légèrement confuses par moment, son efficacité est garantie ! Ainsi, le film réussit à merveille à nous immerger dans des fonds marins ultra-réalistes, troubles à souhait, avec ses particules en suspension, ses formes indiscernables et ses ténèbres angoissantes. Bazelli, c'est aussi la garantie d'une esthétique toujours classieuse et à ce niveau, on n'est pas déçu ! Les jeux de lumière et de couleurs de chaque plan éblouissent par leur ingéniosité et leur élégance à toute épreuve, qui n'exclut jamais l'angoisse du récit.
Angoissant, Underwater l'est parfaitement. Cela fait une éternité que je ne m'étais plus senti aussi peu en sécurité dans une salle de cinéma. Entre deux jumpscares certes un peu criards (pas tous), on se prend à se ratatiner littéralement sur son siège à chaque petit mouvement de caméra, et à chaque fois que la caméra s'attarde un peu sur un personnage ou un espace vide. En cela, Underwater en a dans le ventre, et se montre d'une générosité incroyable.
Mais là où Underwater en a le plus dans le ventre, c'est en termes de monstre. Revisitant la règle du "toujours plus" de manière tout-à-fait irrésistible, surtout pour les fans de Lovecraft précités, William Eubank s'amuse comme un petit fou avec ses moyens limités pour faire exister ses créatures, fascinantes et repoussantes à la fois. Il sait parfaitement comment les introduire, puis les développer de manière à les rendre mystérieuses sans être trop démonstratif. Ainsi, sans jamais en dévoiler trop, il réussit à ne même pas briser la magie dans son final explosif, comme trop de films de monstres ont tendance à le faire... Ce qui relève du tour de force.
Alors bien sûr, Underwater ne marquera dans doute pas l'histoire du cinéma (mais ne jurons de rien, il a le profil pour un potentiel retour en grâce postérieur). Il reste une série B, mais une série B de très grande qualité. Il perpétue l'héritage d'Alien en ne le renouvelant presque pas toujo, mais en ne le trahissant pas non plus, pas plus qu'en le copiant. Son réalisateur et son scénariste savent parfaitement comment manier leurs ficelles de manière à prendre et à surprendre leur spectateur, sans jamais (ou presque) lui faire quitter un terrain globalement connu.
Et quand on ressort de la salle aussi satisfait qu'en y entrant, c'est bien signe que le film qu'on a vu entre temps était, au-delà de ses défauts, une vraie petite réussite.