Pendant l'occupation de la seconde guerre mondiale, nombre de femmes se retrouvent seules, leur mari étant en Allemagne, STO oblige. Marie est bien décidée à vivre sa vie, quitte à faire des arrangements avec la morale. Ses enfants n'ont à manger que des soupes claires, égayées parfois par les orties que l'on ramasse soi-même. Cette ouverture du film sur la cueillette d'orties est d'ailleurs en quelque sorte programmatique : "sois prêt à faire des choses désagréables, si tu veux manger à ta faim!".
Le mari revient, mais c'est un blessé qui peine à trouver du travail. Alors Marie va, aidée par les circonstances, faire ce qu'elle peut pour gagner de l'argent. Et s'il s'agit de pratiquer des avortements, ou de proposer des chambres à des prostituées pour leurs passes, tant pis, l'important c'est de vivre.
Une affaire de femmes est frontal, brutal. On ne nous laisse pas respirer, et au passage Chabrol égratigne tout ce qu'il peut, en passant par l'église et la magistrature. Que Marie et ses enfants aient faim, mais qu'ils n'enfreignent pas la morale, car voilà ce qui est inadmissible. François Cluzet est excellent en mari veule et bon à rien, qui s'accomode très bien de l'argent que gagne sa femme tant qu'il n'en sait pas la provenance, mais qui sera le premier à la vilipender. Mais bien sûr, c'est le portrait de Marie qui porte le film, une femme avec ses qualités et ses défauts, un personnage complet qu'on ne sera pas prêt d'oublier.