John Woo n'est pas un cinéaste friand de subtilité: son cinéma, à l'image de celui de Brian De Palma, est un ode à l'exagération: la violence, le sentimentalisme, les effets de réalisation (ahhh ces ralentis...).
Le "Voyage au Bout de l'Enfer" de Cimino n'était déjà pas particulièrement serein, et "Une Balle dans la Tète" en est quelque sorte le remake hystérique officieux. Et pourtant, c'est un film de John Woo du début à la fin: le premier quart d'heure, sorte de rejeton batard et cartoonesque de "La Fureur de Vivre", est d'un kitch dévergondé (mais amusant).
Mais dès le départ des protagonistes d'Hong Kong, le film fait preuve d'une telle générosité qu'on se surprend à trouver ses maladresses attachantes: chaque impact de balle est une explosion sanguinolente, chaque échange est ponctué d'un regard intense et un travelling lyrique.
Plus que Cimino, c'est à Sam Peckinpah qu'on pense tout au long des deux heures de projection: chaque fusillade est une ballet frénétique de sang et de fureur, impeccablement chorégraphié, d'une telle intensité qu'on se surprend à vibrer sur son fauteuil, alors qu'on s'amusait poliment lors de l'introduction niaise.
De plus, Woo finit par nous avoir à l'usure: il force tellement le trait que la sauce finit par prendre, on s'implique dans le drame de ces trois amis traversant un conflit qui n'est par le leur pour finir aussi détruits que n'importe quelle victime directe.
Le face à face final est à ce titre dantesque, et à l'image du cinéma de Woo: sans recul et exacerbant jusqu'à l'absurde ses deux obsessions (le sentimentalisme et la violence), mais faisant preuve d'une maitrise technique admirable et d'une telle énergie communicative qu'on ne peut que céder.

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le 30 avr. 2018

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filipe

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