Je l’attendais, celui-là !

Encore plus avec les premiers retours qui parlaient d’un miroir de l’Amérique trumpiste et d’une charge contre le fascisme.


Sur ce point, on en est loin.

One Battle After Another n’est pas un film politique au sens d’une attaque frontale contre un pouvoir en place, mais plutôt une vision d’une Amérique au bord du gouffre, dont Trump serait davantage une conséquence qu’une cause. C’est surtout un film sur la 'coolisation' de la lutte : plus la révolte devient esthétique et stylisée, plus elle perd de sa substance. Ici, tout repose sur l’opposition entre une rébellion tendue, nerveuse, et un vieux fascisme qui détient le pouvoir, la religion et l’impunité.

On est loin du propos de There Will Be Blood, mais ce n’est clairement pas le but.


Malgré tout, plusieurs lignes de lectures sont, au moins, intéressantes, notamment sur l'opposition entre une résistance passive et active, son organisation, la transmission et la nostalgie d'ancienne révolution de jeunesse.


On peut (et il faut) voir le film pour ce qu’il est : une plongée dans le chaos, peuplée de personnages tour à tour ridicules, grandiloquents, touchants, drôles ou parfois perdus. PTA ne cherche pas à délivrer un grand discours, il s’amuse à mettre en scène un monde qui s’effondre, et c’est souvent jouissif.


La principale qualité du film, c’est son humour. C’est drôle, fun, parfois même absurde.

Le long passage où DiCaprio est poursuivi en est le cœur : il erre entre le monde qu’il ne comprend plus et une rébellion qui le dépasse, paumé, uniquement motivé par l’idée de retrouver sa fille. Le duo avec Del Toro (le calme face à l'excité parano) fonctionne à merveille, on dirait un buddy movie en plein chaos. Ce moment-là, c’est du génie : DiCaprio ne sert à rien, il arrive toujours après coup, décalé, dépassé, et c’est justement ce décalage qui rend tous ces moments brillants.


L’alternance des tons fonctionne bien, même si le début et la fin manquent un peu d’impact, parfois trop précipités. Quelques moments de grâce, des dialogues pétillants, des courses poursuites jubilatoires traversent le film comme des éclats de folie. On se dit juste, parfois, qu’il aurait pu respirer un peu plus.


Et oui, Paul Thomas aime filmer les culs. Ça se voit. Il se fait plaisir, à lui, et à nous.


Bref : un film qui assume tout : l’humour, le fun, le chaos et les culs.

Docteur_Jivago
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ma vie dans les salles obscures, Carnet de bord 2025 et Les meilleurs films de 2025

Créée

il y a 5 jours

Critique lue 151 fois

22 j'aime

2 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 151 fois

22
2

D'autres avis sur Une bataille après l'autre

Une bataille après l'autre
Plume231
7

Que viva la confusion!

Il est inévitable que l'on se dise qu'un film se déroulant aux États-Unis, dans lequel on a deux camps viscéralement opposés, ne pensant qu'à se détruire l'un et l'autre, est plus que d'actualité en...

le 24 sept. 2025

69 j'aime

24

Une bataille après l'autre
Kelemvor
8

Front contre front

Il y a des films qui ne se contentent pas de dérouler une intrigue ; ils font entendre un pouls, ils politisent le rythme. Une bataille après l’autre procède ainsi : il impose une cadence qui n’est...

le 24 sept. 2025

56 j'aime

33

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

173 j'aime

35

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

155 j'aime

34

Star Wars - Le Réveil de la Force
Docteur_Jivago
3

Un réveil honteux

Fervent défenseur de la trilogie originale et de la prélogie, dont l'impact sur ma jeunesse a été immense, l'idée que Disney reprenne cette franchise m'a toujours fait peur, que ce soit sur le rythme...

le 1 janv. 2016

130 j'aime

24