J’attendais beaucoup de ce dernier PTA. Le réalisateur m’a toujours épaté à chaque nouvelle sortie, et ce film s’annonçait comme l’un de ses projets les plus ambitieux, que ce soit par son casting ou par son budget.
Encore une fois, PTA ne m'a pas déçu : le film est maîtrisé de bout en bout, et jamais ses trois heures ne se font ressentir. La mise en scène relève du grand art et je n’ai pas vu de production hollywoodienne récente atteindre un tel niveau., la course poursuite finale faite sur une ligne droite est vraiment impressionnante. La musique volontairement omniprésente pourrait déranger certains spectateurs mais je la trouve vraiment nécessaire pour ancrer le film dans un ton plus humoristique, ce qui contribue à le distinguer. N’étant pas particulièrement amateur de comédies, j’ai été surpris par l’efficacité de l’humour, toujours bien placé, jamais lourd.
Deux éléments, selon moi, font passer le film du très bon au chef-d’œuvre. D’abord, son message : nuancé, mais raconté avec une clarté remarquable. La conclusion du film suggère que la lutte et la révolution ne doivent jamais s’arrêter, que si une génération échoue, la suivante peut reprendre le flambeau. Le message est donc clairement ancré à gauche, ce que soulignent encore des références explicites comme La Bataille d’Alger. J’ai d’ailleurs pris un malin plaisir à voir certains critiques réactionnaires grincer des dents face à cette dimension politique. Mais ce n’est pas parce que le film assume une position politique que PTA s’interdit de tourner ses protagonistes en ridicule par moments. Au contraire, ça participe de sa manière de montrer la complexité des luttes et des idéologies, sans tomber dans un discours trop frontal ou manichéen. Un bon exemple de cette nuance, c’est le personnage de Teyana Taylor : son engagement passe aussi par une attirance presque sexuelle pour la révolution, ce qui rend son rapport à la lutte à la fois sincère et ambigu.
Le deuxième élément, c’est la direction d’acteurs. Leonardo DiCaprio, comme souvent, est étincelant et enrichit encore son panthéon de performances. Chase Infiniti, pour son tout premier rôle au cinéma, crève littéralement l’écran. Et Sean Penn livre une prestation XXL, incarnant un antagoniste qui, je pense, restera comme l’un des plus marquants de la décennie.
Bref, tout ça pour dire que selon moi One Battle After Another n’est pas seulement un grand cru de 2025 : c’est un film qui capte l’air du temps et s’impose déjà comme une œuvre marquante de notre époque. Merci, Paul Thomas Anderson.