Un succès après l’autre

Un film mineur de PTA est forcément l’un des meilleurs films de l’année, sinon le numéro un. Mineur car il demeure malgré tout une satire grossière, délicieuse certes, mais qui n’est en fait qu’un terrain de jeu pour une course-poursuite gigantesque. Son récit, un savant régurgité des années 90 croisé aux obsessions contemporaines, sert de dopant pour une mise en scène virtuose. Depuis Licorice Pizza, le réalisateur tient à montrer la désillusion qui a suivi de l’âge d’or du progressisme états-unien. Incarné ici par la loose (qui décidément colle à la peau de DiCaprio) d’un père dépassé, défoncé, qui doit devenir la nouvelle étincelle de la révolution pour sauver son enfant. En fait, on n’est jamais bien loin de Hook, ou de la Prisonnière du désert. Pour autant, ce dont on peut s’enorgueillir, c’est la générosité de cet objet aussi bien formellement que dans son texte. Le catalyseur de ces deux aspects, c’est Sean Penn, ou plutôt le vile colonel Lockjaw, tout droit sorti d’un cartoon. Et au vu de l’actuel locataire de la Maison Blanche, la caricature ne semble jamais hors de propos. Il y a les mauvais et les bons cabotins. A l’heure du désert artistique du cinéma américain, PTA montre le chemin à suivre, avec une comédie dramatique aux images passionnantes, notamment avec son final se déroulant dans une autoroute protéiforme. Si l’on doit discerner un étendard du post-moderne au cinéma, ce serait Une Bataille après l’Autre.