PTA prends parti (d'en rire).

La longue introduction et présentation des personnages est stupéfiante : ton surprenant, rythme faussement effréné, triangle amoureux on ne peut plus original, temps qui se distend ; quelle maîtrise !

L’histoire, ainsi parfaitement posée, peut ensuite se dérouler en gardant un rythme (très) soutenu pendant deux bonnes heures.

L’interprétation est sans faille, la mise en scène inspirée, le sujet brûlant.

Difficile d’y trouver de vrais défauts. J’ai seulement trouvé que la musique, excellente jusque-là, forçait un peu trop le trait lors de la poursuite finale… Trop radical ?

Probablement pas, car si PTA a su éviter tout angélisme, la balance penche très nettement : la collaboration, la survie, la résistance d’un côté ; le fanatisme religieux, sexiste (on n’y trouve pas une femme) et raciste de l’autre. Il ne s’aventure pas sur le terrain miné de la justification de la violence : la seule mort causée par les révolutionnaires survient lors d’un braquage, ce qui fait basculer le contexte moral — de la résistance à l’oppresseur à celui, plus balisé (et plus vraiment discuté par le spectateur), de bandits contre gardiens.

PTA aurait pu aller plus loin, bien plus loin.

Il a préféré en rire, et j’ai ri avec lui. C’est un peu tout ce qu’il nous reste.