Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

La tranche de vie est un peu poisseuse, je vous la laisse ?

Entendons-nous bien: ce film n'est absolument pas une bouse, un étron, ou je ne sais quelle appellation ordurière habituellement employée pour décrire un film qu'on a pas du tout aimé.

Pourtant, je ne l'ai pas du tout aimé.
Ce qui explique que je ne n'ai pas mis de note plus basse tient en ces points simples: très bien écrit, très bien joué, terriblement crédible, rien dans le déroulement de l'histoire ne se faisant à un moment dire "c'est pas possible" ou "c'est n'importe quoi" ou quoi que ce soi de ce style.
Ça sonne terriblement juste. Tout le long.

Et c'est bien là qu'est le problème.
J'ai très exactement éprouvé les même sentiments que quand je regarde un film d'horreur type slasher hyper-réaliste ou une émission de trash réalité de TF1 fin de soirée.

Je m'explique.
On voit ici pendant deux heures ce que l'homme (au sens général, hein ?) peut avoir de petit, laid, sombre, compliqué. Ce qui constitue nos faiblesses. Nos failles. Nos doutes.
Alors oui, tout ceci existe, oui c'est important de connaitre cet aspect des choses, mais je préfère (et c'est un choix assumé, qui explique mon manque d'affection pour ce film) en faire l'expérience par moi-même, dans ce que la vie me propose.
Dans une œuvre d'art, je préfère découvrir ce qui est plutôt de l'ordre de l'élévation, de l'espoir, le truc qui me gonfle d'une manière ou d'une autre la poitrine d'un souffle de joie. Même dans les fictions les plus sombres, le plus souvent je trouve ce filet de lumière.
Rien de tout ça ici. D'où ce sentiment de gène.

Généralement, dans ce que je considère comme un bon film, même les personnages les plus abjects ont leur part d'humanité, révélée au détours d'une scène, d'un regard, d'une phrase, un élément qui explique leur parcours ou leur situation. Ici, c'est exactement le contraire: on aime d'abord chaque personnage spontanément, avant, pour chacun d'entre eux, d'en voir la faiblesse, la petitesse, la réaction qui nous en éloigne, parce qu'on ne les comprend que trop.

"Une séparation" est suffisamment réussi pour avoir provoqué cette réaction. Mais, et j'y reviens, comme le ferait un film de torture malsaine. Comme le ferait une émission qui nous montre à quel point on est parfois.... bas, compliqués. Presque aucun personnage ne donne foi en ce que nous pouvons être.
Les situations sont poisseuses, pénibles, écrasantes. Je ne veux rien dire de la trame du film, réellement prenante, mais juste confier cette impression vive que m'a inspiré la vision de cette œuvre. Et me demander comment on a pu s'enthousiasmer pour elle.

Créée

le 22 nov. 2011

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guyness

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