Film vu dans le cadre estival des « cinéma du sud » à Lyon en 2019. Des œuvres qui peuvent pâtir du manque de moyen et du manque d’expérience de leur réalisateur, mais qui sont très intéressante par leur contexte historique, et parfois leur originalité artistique.


1975, le Liban a été le théâtre tristement célèbre d’une violente guerre civile. Les rues de Beyrouth, capitale d’un pays autrefois terre d’abondance, baptisé « la Suisse du Moyen-Orient », ne sont plus que ruines. La fureur des combats apaisé, les habitants errent dans les décombres. Après tant de morts, quand la poussière retombe, que reste-t-il ? C’est comme si le temps n’existait plus, que le monde les avait oubliés, que plus rien n’avait de sens.
Un expatrié français, amoureux du pays, persiste à vouloir rester, malgré la guerre. Il y croise des personnages étranges, des soldats qui continuent de se battre alors qu’il n’y a plus d’enjeux, des personnes un peu fous. Mais après tant de destruction et tant de morts, qu’est-ce qui a encore du sens ? Telle cette jeune fille, marchant et dansant telle une enfant insouciante, parmi les gravats. Elle considère encore que le monde est un terrain de jeu, se moque de tout, et rigole du jeu de la séduction avec sa copine, attraction des corps dont l’âge vient tout juste d’avoir conscience. Mais une naïveté qui n’est qu’apparente, car marquée par la guerre, la vie et la mort n’ont plus d’importance, les deux états se confondent. L’innocence perdue, le dommage irrémédiable et invisible de la guerre.
Une amitié improbable s’installe entre les deux, entre le vielle homme cultivé qui persiste à trouver du sens à tous ces événements, une issue encore optimiste, et la jeune fille pour qui n’a résolument plus de sens, et qui se moque bien de ce qui peut arriver.


Oui, ils y croisent des hommes qui continuent de se battre alors que la guerre est finie, des hommes rendus fou qui racontent inlassablement leur histoire. Représentés métaphoriquement dans une super séquence surréaliste finale, comme s’ils étaient piégés dans leur rôle, figés dans l’éternité, dans un vieux théâtre vieillissant qui s’écroule. Mais il n’y a plus de metteur en scène depuis, ce dernier les a abandonnés, une pièce funeste que même les spectateurs ont déserté depuis longtemps.


Et pendant ce temps, la jeune fille continue de danser, indifférente à la mort qui continue de s’abattre.

Enlak
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le 16 juil. 2019

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