Les campagnes marketing ont la fâcheuse tendance à faire beaucoup trop de bruit pour rien dès qu’il s’agit de promouvoir un nouveau Found Footage. V/H/S ne faisait malheureusement pas exception et ne tenait pas toutes ses promesses malgré l’originalité de son concept quelque peu hybride qui nous permettait de découvrir un petit corpus de « snuff » movies ou du moins de quelques vidéos interdites que l’on peut parfois retrouver sur des sites interpasnet pour satisfaire notre curiosité morbide. Fort d’une richesse thématique portant sur un trafic interlope avec des cassettes que l’on s’échangerait sous le manteau, ses réalisateurs n’avait pourtant qu’exploiter maladroitement le filon et peinait à se démarquer de la mouvance du genre si ce n’est que le film en constituait la quintessence avec ce que cela implique de fulgurances et de tares handicapante. Ses créateurs semblent néanmoins avoir tirés les leçons et enseignements de cet « échec » relatif au vu de sa popularité sur les réseaux sociaux et sites de téléchargement. Les rênes de ce nouveau projet ont donc été confiés à d’authentiques artisans et des nouveaux talents ce qui tendait déjà à rassurer quant à la disparité de ses sketchs. On retrouve donc des grands noms tel que Gareth Evans (The Raid 1 et 2) en binôme avec Timo Tjahjanto, mais également Eduardo Sanchez père fondateur du genre avec Le Projet Blair Witch. La crème de la production indépendante pourrait-on dire si on excepte la présence du taulier Adam Wingard (You’re Next) à qui l’on devait le fil narratif faiblard du premier corpus et qui sera parvenu à faire carrière à Hollywood en disant oui à tout (Godzilla Vs Kong). On ne sera donc pas surpris si la première histoire s’avère être un véritable pétard mouillé comme le reste de la filmographie de son auteur que l’on retrouve d’ailleurs dans le rôle de cet accidenté qui se fait greffer une caméra à la place de l’œil. Si cet outil lui permet de voir des gens qui sont morts comme dans Sixième Sens elle ne lui donne néamoins pas une vision très originale de son dispositif de mise en scène puisqu’il se contente d’aligner une galerie de fantômes assez random, genre réunion de famille avec une petite fille, un gros tout nu et quelques âmes damnés voués à nous flanquer des jump scare racoleur digne d’un Grave Encounters au rabais qui à trop vouloir en donner finira par lasser et avoir l’effet inverse que celui escompté.


Le fil narratif confié à Simon Barret n’est pas plus passionnant que dans le précédent volet, puisqu’il est surtout prétexte à regarder le contenu des cassettes qu’à mener une véritable intrigue malgré son duo d’enquêteurs à la recherche d’un adolescent disparu. Les choses commencent même à se gâter sérieusement après le deuxième segment et sa virée de vététiste dans les bois filmés en go-pro qui prend des airs d’épidémie zombie en temps réel. Un court métrange qui tend allègrement vers la parodie gore rigolote pour ne pas dire potache mais qui aura au moins le mérite de ne souffrir d’aucun temps mort malgré la trahison de sa diégèse puisque une autre source vidéo est présente pour couvrir les événements. La surprise viendra finalement de Safe Heaven où l’on suit une équipe de reporter au cœur d’un massacre digne du temple solaire. Des actes pédophiles à une ambiance mortifère à vous refiler des sueurs froides jusqu’à la stupeur lorsque les protagonistes sont frappés d’une illumination et se mettent à s’entre-tuer dans un vacarme assourdissant qui va prendre une dimension apocalyptique. Un déchaînement d’exécutions sauvage et de suicide assistés extrêmement gore où la chevrotine éclate les corps à bout portant libérant des flots de sang. Un cauchemar orgiaque qui ne se limite d’aucune contrainte technique ou éthique pour asséner de violent coups de butoir en pleine tête du spectateur. Les curseurs de l’horreur poussés vers les cymes d’une anthologie qui tient enfin une bonne histoire. Tant et si bien qu’il devient même difficile de passer derrière. C’est pourtant la mission qui incombe à Jason Eisener (Hobo with a Shotgun) qui s’en tire avec les honneurs avec cette fête de lycéens qui va dégénérer lorsqu’une soucoupe volante va atterrir à proximité. Classique mais efficace que cette invasion venue d’ailleurs capté par une caméra fixée au collier d’un chien qui finira emporter dans un rayon tracteur. Si ce recueil s’avère déjà plus qualitative que le précédent, on ne peut néanmoins pas s’empêcher de s’interroger sur l’intérêt de numériser des films tournés en numérique pour les convertir au format cassette si ce n’est le pure délire fétichiste d’un collectionneur qui s’amuserait à dégrader volontairement la qualité de l’image par de nombreux glitch visuels et sonore afin d’en renforcer l’aspect. Comme son prédécesseur, V/H/S/2 aura donc surtout le même effet que ces flux ininterrompu de vidéos que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, une sorte de Tik Tok pour dégénérés mentaux que l’on regarde durant les pauses caca au boulot.

Le-Roy-du-Bis
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vous reprendrez bien un peu de Found Footage ?

Créée

le 16 avr. 2024

Critique lue 10 fois

Le Roy du Bis

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur V/H/S/2

V/H/S/2
SlashersHouse
7

Oh shit !

Pas la peine de vous présenter l’anthologie V/H/S, première du nom, tant le buzz qui l’a accompagnée a été énorme et le succès au rendez-vous. Magnet Releasing n’a donc pas perdu son temps et c’est...

le 9 juin 2013

15 j'aime

3

V/H/S/2
BrunePlatine
7

La brigade du flip

Le premier volet déroulait un concept intéressant et potentiellement inépuisable : celui de la mise en abyme. Soient des histoires dans l'histoire, et autant de prétextes à des saynètes variées avec...

le 27 juin 2016

9 j'aime

5

V/H/S/2
Rakanishu
8

Un excellent rollercoaster horrifique

Comme le premier, VHS 2 est un film à sketches horrifiques filmés à la manière du found-footage. Fantômes, ET, démons ... En 5 sketches, le bestiaire fantastique est assez bien représenté et permet...

le 15 juin 2013

7 j'aime

Du même critique

Whiplash
Le-Roy-du-Bis
10

I’m Upset

On ne nait pas en étant le meilleur, on le devient au prix d’un travail acharné et d’une abnégation sans faille. Le talent n’est pas inné, il se développe et se cultive par un entraînement rigoureux...

le 17 juil. 2023

8 j'aime

21

La colline a des yeux
Le-Roy-du-Bis
8

Les Retombées

À Hollywood, on aime pas trop prendre des risques inutiles et les remake constitue des retombées financières garantie. Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Vendredi 13... Evidemment, pour s’assurer...

le 19 oct. 2023

7 j'aime

3

Kickboxer
Le-Roy-du-Bis
7

Nok Su Kao

Beaucoup l’ont traîné dans la boue à cause de quelques langues de pute de journalistes qui ont voulu le tourner en ridicule, mais Jean Claude Van Damme n’en reste pas moins une bête d’athlète qui...

le 25 mars 2024

6 j'aime

7