Des liens comme autant de fils qui se tissent ou s'usent, des peaux qui se touchent et des mots qu'on assume ou qu'on se refuse. Et une maison, au cœur, qu'on habitera ou qu'on videra, comme un décor se cinéma.
La famille selon Joachim Trier est complexe et pourtant si simple à la fois.
Bien aidé par les interprétations de ses comédiens (Stellan Skarsgård en tête, impérial dans ce qui est d'emblée l'un des grands rôles de sa riche carrière), le Norvégien signe un film d'une grande pudeur, traversé de légères mais marquantes effusions visuelles et musicales.
L'ensemble s'écoute peut-être un peu trop, autant les personnages et leurs problèmes bourgeois que le scénario lui-même qui se met, un temps seulement heureusement, à ronronner. Mais la force de Valeur sentimentale (au titre plus profond qu'il se laisse lire) réside dans son insistance sur les silences, les regards et les solitudes.
Car malgré l'intelligence des situations familales décrites et la finesse des intrications et dialogues entre les personnages, Trier démontre à nouveau qu'il est avant tout un grand cinéaste du désespoir, qui se contemple puis se combat.